Ô Seigneur, si parfois on t'oublie ou t'insulte,
Entretiens mon esprit et mon cœur dans ton culte ;
Vers le bien et le vrai dirige ma raison ;
Règle, jetant l'oubli sur mes fautes passées,
Toutes mes actions et toutes mes pensées,
Et reste mon seul but et mon seul horizon.
Sois toujours l'eau vivante où mon âme s'abreuve;
Fais que, sans murmurer, j'accepte toute épreuve,
Que mon pied toujours marche au sentier de ta loi,
Et donne-moi d'aimer, Seigneur, pour que tu m'aimes,
Tous les hommes jusqu'à mes ennemis eux-mêmes,
Tous mes frères en toi.
Puis, Seigneur, eux aussi, couvre-les de ton ombre
Verse-leur le trésor de tes grâces sans nombre;
Fais régner le bonheur sous leurs toits triomphants,
Et bénis à la fois leurs champs toujours prospères,
Le seuil de leurs maisons, les tombes de leurs pères,
Et les berceaux joyeux où dorment leurs enfants.
Dispense de tes mains, ô Seigneur, toujours pleines.
Les toisons à leurs prés, les moissons à leurs plaines,
A leur Cœur la lumière, à leur esprit le jour ;
Mais surtout mets entre eux la paix douce et sereine,
Ôte aux grands le mépris, ôte aux petits la haine,
Et donne à tous l'amour.
La Fête-Dieu à Maras. Poème par un prisonnier. 1865. p.10
photo1 & 2 : Roses photographiée à Ste Radegonde