Parfois, nous sommes surpris que notre foi en Dieu ne nous protège nullement des malheurs. Nous oublions sans doute de contempler Dieu qui s'est fait homme en la personne de Jésus-Christ. En regardant Jésus depuis sa naissance dans une étable jusqu'à sa mort sur la croix, après avoir mené une vie d'homme qui "n'a pas où reposer sa tête" (Mt 8,20), nous voyons que Dieu, Son Père ne Lui a aucunement épargné des tribulations. Alors, c'est bien normal s'il nous arrive des adversités, car "le serviteur n'est pas plus grand que son maître" (Jn 13,16).
Toutefois, ce n'est pas Dieu qui a envoyé des afflictions à Jésus; de même, Il ne nous envoie pas des désastres pour éprouver notre foi. Le mal vient, d'une part, de l'intervention de Satan et de ceux qui sont sous son emprise et, d'autre part, de notre incapacité à maîtriser la création que Dieu nous a confiée, ainsi que du désordre que nous y mettons en ne respectant pas l'ordre établi par Dieu en toute chose. Mais si nous le Lui demandons avec foi, comme Jésus nous l'a enseigné, soyons sûrs que Dieu intervient à Sa manière pour nous sauver du mal. Et si jamais Dieu ne peut empêcher un malheur de nous frapper, à cause de la liberté qu'Il nous a donnée et de la solidarité que nous avons entre nous dans le bien comme dans le mal, sachons que nous ne sommes plus seuls dans nos souffrances. Celles-ci sont désormais habitées par notre Dieu, Lui qui, dans son humanité, a subi toutes les atrocités possibles et les a assumées jusqu'au bout.
La foi nous fait aussi comprendre que les épreuves peuvent nous aider à nous détacher de notre vie et à nous rapprocher de la vie divine: "Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle" (Jn 12,25). En fait, il ne s'agit pas tant de renoncer aux valeurs de ce monde, Jésus nous propose seulement un regard différent sur toute réalité, qui, désormais, doit être soumise à l'amour à Dieu et au prochain. Par exemple, le succès et la richesse restent des biens si elles servent l'amour, mais deviennent des maux si elles sont recherchées uniquement pour la satisfaction de soi. Pareillement, la faiblesse et la pauvreté ne sont plus absolument à proscrire et sont parfois même à bénir, car elles peuvent devenir non pas des valeurs en soi mais des opportunités de conversion ou d'effusion d'amour de Dieu à Ses enfants et de communication d'amour entre ceux-ci.
Jésus nous révèle enfin que nous avons un Père qui nous aime infiniment et en qui nous pouvons avoir confiance en toutes circonstances, comme Il l'a fait. Toute sa vie, Il n'a cherché qu'à faire la volonté de Son Père, qui est aussi notre Père, jusqu'à mourir par amour pour nous sur la croix. La foi consiste donc à vivre l'amour comme Jésus, envers Dieu et nos frères, quelle qu'en soit la conséquence pour nous, tout en croyant que nous serons ressuscités, comme Lui, pour le bonheur éternel. Comme l'a dit Sainte Vierge à Bernadette Soubirous: "Je ne vous promets pas le bonheur en ce monde mais dans l'autre", croire en Dieu ne nous garantit certainement pas le bonheur sur terre, dans le sens d'être protégés contre toute détresse. Cependant, si nous portons sur toute chose un regard de foi, nous sommes toujours confiants et sereins, même au milieu des malheurs, ce que peuvent être difficilement ceux qui n'ont pas la foi. Et si nous ne croyions en Dieu que pour le bonheur tangible en ce monde, s'agirait-il encore de la foi?
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