Le 22 novembre 2022, 18h30 à l'église du Taur de Toulouse - une messe à la mémoire de tous ceux qui sont morts dans la rue…
un homme qui a gambadé batifolé,
qui a goûté à la beauté rajeunissante du printemps,
à la chaleur de l’été,
à la blancheur silencieuse de la neige en hiver,
à l’explosion des couleurs de l’automne…
se fortifier, se muscler,
qui a éprouvé son embrasement,
qui a pu peser de son poids…
qui s’est uni à une autre, qui a même eu des enfants …
l’épreuve a été trop lourde,
il n’a plus pu faire face,
une fissure intime s’est développée,
il a quitté ou il a été quitté par son existence,
tout s’est effrité, plus rien ne tient...
jeté dans un monde inconnu,
celui du froid, celui de la nuit,
celui où l’on perd tout.
Restent l’alcool, la violence,
une vie sans logis, sans papier, sans rien,
une vie où l’horizon c’est la paire d’heures qui vient…
au plus profond du froid,
lorsque ceux qui ont un logis
commencent tout juste à sortir de chez eux…
il a été enterré, il n’est plus…
nos villes où nous allons d’un pas pressé vers nos activités, nos petits soucis…
prends pitié de nous,
la fraternité s’épuise dans la grande ville
où nous savons que nous pouvons tomber, dévisser…
et où nous sommes tous craintifs, anxieux…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite