Le froid, et la sensation de chaud qui émane d’un foyer, cela construit un espace, des paroles excessives pour donner à croire, les vêtements qui se déchirent pour renforcer une parole mal assurée et le bruit que cela fait, la tension sur le corps, le mal aux mains, le silence debout devant tous les autres... le crachat pour conclure, manifester l’irréparable, néantiser l’autre.
« Le divin de l'homme se voit dans les yeux, les gestes, le corps. » Robert Marteau Mont-Royal
« Ce moment privilégié où la conscience d'être prime celle du corps. » André Carpentier Du Pain des oiseaux
5 Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre, et tous les chefs des prêtres, les anciens et les scribes se rassemblent. Pierre avait suivi Jésus de loin,
jusqu'à l'intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis parmi les gardes, il se chauffait près du feu. Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un témoignage contre Jésus
pour le faire condamner à mort, et ils n'en trouvaient pas. De fait, plusieurs portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient même pas. Quelques-uns se levaient
pour porter contre lui ce faux témoignage : « Nous l'avons entendu dire : 'Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois jours j'en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main
d'homme. ' » Et même sur ce point, ils n'étaient pas d'accord. Alors le grand prêtre se leva devant l'assemblée et interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien à ce que ces gens déposent contre toi ?
» Mais lui gardait le silence, et il ne répondait rien. Le grand prêtre l'interroge de nouveau : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » Jésus lui dit : « Je le suis, et vous verrez le Fils
de l'homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. » Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez
entendu le blasphème. Quel est votre avis ? » Tous prononcèrent qu'il méritait la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d'un voile, et le rouèrent de coups, en
disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des gifles. (Mc 14, 53-65)
Le froid qui gagne, la recherche d’un réconfort pour se calmer en étant attroupé avec d’autres, arriver à comprendre ce qui se passe, tout va si vite, se fondre dans un groupe pour se retrouver. Le regard inquisiteur, la peur au ventre qui éclate de se sentir pris, démasqué, perdu, puis la justification à tout prix, le cri du coq, la tristesse qui submerge soudainement, le retrait comme déboussolé...
« Pas de connaissance de soi qui ne passe par le corps. » Marc Gendron Louise ou la nouvelle Julie
« Les flèches percent le corps, et les mauvaises paroles l'âme. »Baltasar Gracian y Morales Oraculo manual
6 Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une servante du grand prêtre. Elle le voit qui se chauffe, le dévisage
et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! » Pierre le nia : « Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. » Puis il sortit dans le vestibule. La servante, l'ayant
vu, recommença à dire à ceux qui se trouvaient là : « En voilà un qui est des leurs ! » De nouveau, Pierre le niait. Un moment après, ceux qui étaient là lui disaient : « Sûrement tu en es
! D'ailleurs, tu es Galiléen. » Alors il se mit à jurer en appelant sur lui la malédiction : « Je ne connais pas l'homme dont vous parlez. » Et aussitôt, un coq chanta pour la seconde fois. Alors
Pierre se souvint de la parole de Jésus : « Avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois. » Et il se mit à pleurer.(Mc 14,
66-72)
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Père Jean-Luc