Un sommeil qui étreint, un corps qui cherche à trouver un repos à même le
sol, une position inconfortable mais retenue, un arrachement du sommeil, une lassitude, une incapacité à être présent, un engourdissement, une tristesse, un désarroi, une prière, un mieux être,
un réconfort... les rumeurs de la nuit indifférentes au drame...
« La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps. » Publius Syrus
« La pâleur montre jusqu'où le corps peut comprendre l'âme. » Emil Michel Cioran Le Crépuscule des pensées
3 Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit : « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. » Pierre lui dit alors : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. » Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois. » Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous disaient de même. Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : « Restez ici ; moi, je vais prier. » Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. »
S'écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s'il était possible, cette heure s'éloigne de lui. Il disait : « Abba... Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n'as pas eu la force de veiller une heure ? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible. » Il retourna prier, en répétant les mêmes paroles. Quand il revint près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis. Et ils ne savaient que lui dire. Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer. C'est fait ; l'heure est venue : voici que le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs.(Mc 14, 26-42)
Une station debout, une manière de sentir son propre poids, une volonté mâle de s’imposer, un maniement d’arme, un coup porté, du sang qui coule avec sa couleur, son odeur, une tension entre groupes qui monte, puis une débandade, un sauve qui peut, une fuite éperdue, un échappement... Une personne est serrée, un vêtement tombe, et reste au sol... Un silence retombe sur la scène...
« L'amour est une vie de l'esprit qui cherche à prendre corps. » Georges Duhamel Lettres à une provinciale
« Si je laissais la passion pénétrer dans mon corps, la douleur viendrait rapidement à sa suite. » Michel Houellebecq Plateforme
4 Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. » Jésus parlait encore quand Judas, l'un des Douze, arriva avec une bande armée d'épées et
de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Or, le traître leur avait donné un signe convenu : « Celui que j'embrasserai, c'est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous
bonne garde. » A peine arrivé, Judas, s'approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l'embrassa. Les autres lui mirent la main dessus et l'arrêtèrent. Un de ceux qui étaient là tira son épée,
frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille. Alors Jésus leur déclara : « Suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m'arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour,
j'étais parmi vous dans le Temple, où j'enseignais ; et vous ne m'avez pas arrêté. Mais il faut que les Écritures s'accomplissent. » Les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent tous. Or, un
jeune homme suivait Jésus ; il n'avait pour vêtement qu'un drap. On le saisit. Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu.(Mc 14, 43-52)
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Père Jean-Luc Fabre