Parfois, nous pensons que Dieu doit être content de nous, car nous vivons la charité comme Il nous a demandé: nous menons une vie frugale, mais nous faisons des dons généreux aux fonds ecclésiaux et caritatifs. Nous pouvons savoir cependant si notre charité est vraie ou non en observant si nous adoptons ce même comportement charitable en tout lieu, à tout moment et envers toute personne ou non. Il est vrai que nous pouvons être très dévoués et généreux envers l'Église et les associations caritatives, mais très indifférents et parcimonieux envers nos proches. Car, tout ce que nous faisons aux premières nous donne le sentiment d'être nobles alors que tout ce que nous faisons aux derniers ne nous rend pas plus remarquables. En effet, si nous faisons du bien à des membres de notre famille, ils le considèrent souvent comme un devoir familial et ne ressentent pas la nécessité de nous exprimer leur reconnaissance. Mais le moindre bien réalisé pour quelqu'un d'extérieur est vu comme une faveur et engendre la gratitude, ce qui nous fait grandement plaisir.
Nous pouvons aussi douter de notre bonté, si nous ne sommes plus disposés à apporter de l'aide à ceux qui ne se montrent pas reconnaissants après avoir reçu de nous un acte de charité. Cela peut révéler que c'est uniquement par amour pour nous-mêmes que nous sommes bienveillants envers les autres; par exemple, afin qu'ils nous admirent pour notre altruisme (bien que nous ne soyons pas toujours conscients de ce désir), ou bien parce que l'acte de bienfaisance, quand elle est reconnue, nous procure l'impression d'être sublimes et nous rend fiers de nous-mêmes.
Nous pouvons également savoir si notre charité est vraie ou non en voyant si nous sommes flexibles ou si nous tenons à nos principes et nos habitudes, que nous considérons comme vertueux, sans aucun égard pour les autres. (Par exemple, je suis une personne "de bien", je ne parle jamais à quelqu'un "de cette catégorie"; ou bien, c'est l'heure pour moi d'aller à la messe et personne ne peut me faire manquer "ma messe", etc.) Nous voulons défendre nos principes et maintenir nos habitudes, de peur que, si nous ne les respections pas, nous ne soyons plus "respectables" à nos propres yeux, et surtout aux yeux des autres. Alors, pourvu que cela fasse notre affaire (par exemple pourvu que nous ayons accompli notre devoir d'aller à la messe), tant pis pour ceux qui ont besoin de nous. Car notre engagement auprès d'eux pourrait nous compromettre aux yeux des autres, ou nous faire "perdre le ciel".
Les gens voulant toujours suivre leurs principes sont très rigides et paraissent vraiment vertueux, mais, en même temps que le respect, ils inspirent aux autres une sorte de crainte et les font s'éloigner plutôt que de se rapprocher d'eux. Seuls ceux qui ne tiennent pas compte des principes, mais qui vivent selon le cœur et qui peuvent sembler parfois anarchiques, font venir spontanément les autres vers eux. L'apôtre Paul n'a-t-il pas dit que l'amour est plus grand que la loi (Rm 13,10)? L'écrivain irlandais Oscar Wilde a dit également: "Je préfère les gens aux principes, et, plus que tout au monde, je préfère les gens sans principes".
L'homme sans principes par excellence est Jésus Christ. Il a transgressé les lois juives pour guérir des malades le jour du Sabbat, Il a aussi "fréquenté" les catégories de personnes que la société de son époque considérait comme méprisables ou pécheresses, telles que les publicains, les Samaritains, les prostituées, etc. C'est pourquoi, Il a attiré sur Lui la haine des personnes qui se considéraient comme honorables et qui observaient rigoureusement la Loi, qu'étaient les scribes et les pharisiens. Et c'étaient eux qui, finalement, L'ont mis à mort sur la croix. Jésus n'avait pas peur de se compromettre ou de se sacrifier quand la charité l'exigeait, notre charité est d'autant plus vraie que nous suivons son exemple.
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