Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 14, 13-21 Pour tout homme, partager le manque est ce qui ouvre l’avenir…

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 6 Août 2017, 23:47pm

Catégories : #2011 Evangile piste de réflexion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 14,13-21.

En ce temps-là, quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.
Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »
Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »
Jésus dit : « Apportez-les moi. »
Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule.
Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins.
Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

 ***

« Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l'écart ». Jésus avance dans son existence, où il subit bien des difficultés. Il est en butte à l’incompréhension farouche de ses proches [famille et gens de sa ville d’origine], la nouvelle de l’assassinat de Jean Baptiste vient juste de lui parvenir. Jésus désire un lieu de repos pour se retrouver auprès de son Père, faire le point, revenir sur ce qui le touche, le fragilise sans aucun doute. Mais  les foules viennent à lui, au désert, en ayant, pour cela, quitté leurs sécurités, leurs repères, tout ce que représente le fait de vivre dans un cadre bien balisé comme celui d’une ville. Jésus est touché par la confiance envers lui, ainsi que par le manque que tous ces gens expriment en venant comme cela à lui. Ces foules le touchent profondément, au-delà de ses intentions du moment. Elles touchent son cœur. Leur manque manifesté l’a appelé lui, Jésus. Il les accueille vraiment. Se noue entre eux une relation qui ne voit pas passer le temps…

 

« Renvoie donc la foule » Les disciples qui étaient comme absents, évincés, dans cette relation qui se noue entre Jésus et les foules, reviennent sur le devant de la scène. Prenant appui sur la situation matérielle [fin du jour, grand nombre de personnes, nécessité de se nourrir], ils demandent à Jésus de se détacher des foules en les renvoyant. Signe d’une jalousie, d’une peur de ne pas être préférés, d’une volonté de conserver la relation privilégiée ? Jésus leur répond en les impliquant, en les ouvrant : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». De leur manque exprimé et reconnu, Jésus fait surgir un avenir pour tous. A travers tous ces aléas, le cheminement de tous vers le Royaume avance.

 

« Il prononça la bénédiction ». Dans cette situation concrète qui s’impose à lui, Jésus contribue à l’avancée du projet du Royaume des cieux. Il prend l’initiative de faire asseoir les gens, de recueillir le peu de nourriture, de se rapporter au Père en bénissant, de donner pour distribuer. Dans ce mouvement, chacun trouve vraiment sa place. Se constitue un monde en relations : les disciples qui se croyaient évincés se voient recevoir le rôle de distributeurs de la nourriture, les foules perçoivent une relation enrichie avec Jésus par ces hommes-là, celui qui a offert le peu de nourriture, Jésus qui (dé)montre l’attitude qui rend tout possible, le Père vers lequel tous vont tendre peu à peu.

 

Ainsi, à partir de tous ces manques à vivre, à espérer, à partager qui se disent, se manifestent, et qui sont reçus, la situation peut évoluer. Elle va de telle manière que tous partagent, tous mangent à satiété, tous reçoivent et donnent : tous vivent vraiment. Réalisons que la Bonne nouvelle peut s’incarner, informer toutes nos manières d’être, aujourd’hui comme hier.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

Source de la photo http://www.spf85.org/fileadmin/spf85/actions/DistributionAlimentaire-Paris-SPF-MariaMoleres-360.jpg

Pour aller plus loin

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Articles récents