Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 24, 13-35 Le Christ Ressuscité se manifeste comme principe d’intelligence pour la vie de chacun de ses disciples…

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 15 Avril 2020, 11:56am

Catégories : #2015 Evangile piste de reflexion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 24,13-35.

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,
et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses acteset ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :
comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,
elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Merci à l'auteur de cette image

La démarche de reconnaissance mise en œuvre en ce passage si connu de Saint Luc les Pèlerins d’Emmaüs est exemplaire. Elle s’offre toujours à chacun de nous de par la force de l’Esprit qui travaille toute chair. De nos vies, de nos aspirations en ruine, peut surgir l’appel à une vie ressuscitée qui nous ouvre aux autres, qui témoigne de la présence du Seigneur. Je vous propose de prendre la mesure de la démarche, démarche qui se retrouve notamment dans la formalisation du paradigme pédagogique ignatien : expériences, réflexion, action, évaluation et contexte.

« Ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé » Deux hommes marchent sur une route en cessant de ressasser mais en explicitant et ordonnant leurs expériences passées. En effet, un troisième s’est mis à marcher avec eux et les questionne. Les diverses expériences peuvent être narrées, caractérisées. Elles sont d’espoir, de réussite, d’échec, d’abandon et de nouveauté. Elles vont ensuite peu à peu prendre une nouvelle consistance, une nouvelle forme parce qu’un principe d’intelligence va leur être proposé qui les relient, leur donne sens.

« Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ?».Ce principe d’intelligence est, à vrai dire, la vie du Messie qui éclaire toute l’expérience humaine (collective et individuelle), aussi bien celle retranscrite dans les Ecritures que la leur. Dès lors, ce qui paraissait épars, sans sens, sans vie se retrouve pris dans une nouvelle perspective qui peut faire surgir une nouvelle capacité d’engagement. La vie du Messie donne lieu à la réflexion de leur propre expérience. Cela ne va pas sans les toucher dans leur chair, leur humanité entière. « Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? ».

« A l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem ».Une action peut être justement posée à partir de là. Action en appel de confirmation, action ouverte vers l’autre…

« C'est vrai ! Le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. ». Cette action débouche sur la rencontre de l’autre, elle trouve de là les termes d’une évaluation. Elle y trouve sa confirmation : d’autres vivent une expérience analogue.

« A leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route». De cette évaluation, qui vient confirmer l’appel à se mettre en route surgit une compréhension plus large du contexte où les premiers disciples se trouvent. L’Eglise peut s’inventer dans sa nouveauté d’ouverture fraternelle (ailes) ainsi que dans sa fidélité à ce qui se donne : la filiation christique (racines).

Ce chemin, celui d’Emmaüs, s’offre à chacun de nous. A mon frère (ou à ma sœur) je puis donner de raconter ses expériences, puis lui proposer de trouver et de recevoir dans la vie et la Passion du Seigneur un nouveau sens à ses propres expériences, l’engager alors dans une action en réponse, l’aider à évaluer ce qu’il a entrepris et lui permettre de prendre la mesure d’un contexte plus large, où il lui est donné de recevoir de manière renouvelée ce qui ne cesse de se donner : la Vie. Ce que je puis proposer à mon frère, je peux le recevoir tout aussi bien de lui.

La mise en œuvre personnelle de la démarche révèle seule le sens de ce qui est ici écrit… Bonne avancée en votre temps qui est celui du Christ Ressuscité. 

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
image : http://resume.bible.free.fr/emmaus2.jpg

Pour aller plus loin

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Articles récents