Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 2, 22-40 Fête de la Présentation de Jésus au temple

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 31 Janvier 2020, 13:32pm

Catégories : #evangiles_piste_reflexion

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,22-40.

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’ Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’ Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Cette scène évangélique entrelace les générations avec Jésus, le nouveau-né, Marie et Joseph, les parents, Syméon et Anne, les anciens, ainsi que les temporalités, avec la croissance biologique silencieuse, la pulsation sociale des rites et l’irruption prophétique. Cette scène, si nous la laissons habiter en nous, peut devenir une aide profonde, pour notre temps présent, pris par l’incertitude, l’affolement et la violence.
 
Nous avons au centre mais passif, l’enfant Jésus qui se fie aux autres, se laisse conduire par sa croissance interne indépendamment de tout ce qui se passe autour de lui. La vie, en lui, se nourrit, se construit, se fortifie, se rend silencieusement capable de disponibilités futures.
 
Nous avons la sainte famille qui se laisse porter par le rythme des manières de faire usuelles pour le premier né, en allant au Temple, en présentant le nouveau-né, en faisant une offrande, puis en revenant à sa vie quotidienne, et vit au rythme d’une pulsation qui marque les grandes étapes de l’existence de chacun (naissance, mariage, décès) et qui ouvre à plus grand. La pulsation des célébrations n’épuise pas toute l’énergie de la personne mais la rend capable de discerner la nouveauté sur fond de rituel.
 
Nous avons, enfin, Anne et Syméon, les anciens, qui sont là, appelés, poussés, habités qu’ils sont par une promesse déjà ancienne, l’attente d’un « aujourd’hui » spécial. Le cadeau du cadeau, pour Syméon, est le suivant : dans la concrétisation de la promesse qui se présente sous la figure d’un enfant qu’il accueille dans ses bras, naît une nouvelle promesse, encore plus grande mais néanmoins marquée par un signe douloureux de contradiction « cet enfant produira la chute et le relèvement de beaucoup ».
 
Ainsi, l’entrelacement de ces générations et de ces temporalités introduit celui qui contemple la scène évangélique à une manière fluide de se situer dans le temps par l’accueil de ce qui ne cesse de venir. L’accueil de la croissance organique en soi en la laissant aller à son rythme. L’accueil de la pulsation du temps commun, des traditions, des rites en se maintenant éveillé, disponible, en se laissant doucement guider. L’accueil enfin de la réalisation de la promesse longuement attendue, qui projette encore plus loin dans une autre Promesse, celle où les trois temporalités se rejoindront dans la louange éternelle. A travers ces trois manières d’accueillir (laisser faire, consentir et réagir), c’est bien l’Esprit qui nous conduit, nous donne de tisser, ensemble et souplement, la nouveauté pour tous sans laisser quiconque sur le bas-côté.
 
Alors, sachons distinguer en chacune de nos situations présentes, ce qui est de l’ordre de la croissance organique de la vie en nous, en la laissant être pour accroître les possibles ; ce qui est de l’ordre de la civilité commune qui ne cesse de réparer, réordonner ; et ce qui est de l’ordre du surgissement qui prend appui sur le déjà perçu et nous entraine toujours au-delà.
 
Sachons surtout comme la Vierge prendre le temps de contempler, de recevoir et de disposer ces trois dimensions de la vie qui pousse, de la vie qui se célèbre et de la vie qui appelle vers la Promesse.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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