Qui l’a fait ainsi habiter parmi nous ?
L’amour ;
c’est donc l’amour qui l’a fait descendre
pour se revêtir de la nature humaine ;
mais quel cœur aurait-il donné
à cette nature humaine,
sinon un cœur tout pétri d’amour ?
Qu’aura donc fait le Verbe divin
en se faisant homme,
sinon de se former un cœur
sur lequel il imprimât cette charité infinie
qui l’obligeait à venir au monde ?
Donnez-moi tout ce qu’il y a de plus tendre,
tout ce qu’il y a de plus doux et d’humain ;
il faut faire un Sauveur
qui ne puisse souffrir les misères,
saisi de douleur ;
qui voyant les brebis perdues,
ne puisse supporter leurs égarements.
Il lui faut un amour
qui le fasse courir au péril de sa vie,
qui lui fasse baisser les épaules
pour charger dessus ses brebis perdues,
qui lui fasse crier :
Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi.
Venez à moi, vous tous qui êtes chargés.
Venez, pécheur, c’est vous que je cherche.
Enfin, il lui faut un cœur qui lui fasse dire :
Je donne ma vie, parce que je veux.
C’est moi qui ai un cœur amoureux,
qui dévoue mon corps et mon âme
à toutes sortes de tourments.
Voilà quel est le Cœur de Jésus,
voilà quel est le mystère du christianisme.
Bossuet (1627-1704)