... Un de mes amis dessinateurs, Marol me rendit visite un matin, vers neuf heures, avec un important prêtre orthodoxe, le métropolite Antoine. Nous nous assîmes dans le séjour et discutâmes une heure durant.
L'homme barbu était simple, grave. Et, à la fin de notre entretien, un grand silence se fit : le père, bougeant doucement la tête, priait. Cette scène me marqua profondément et je me souviens avec acuité de ce moment, de son atmosphère tellement irréelle de calme, de cette paix soudain nous envahit. J'en ai jamais revu, depuis, le métropolite Antoine.
Plus tard j'ai lu un de ses livres dont me frappa la phrase de conclusion :"Cherchez un nom pour Dieu et, si vous n'en trouvez pas, ne vous étonnez pas de ne pas être entendu ; vous n'appelez pas vraiment." Phrase magnifique qui nous rappelle que chaque êre a sa relation particulière au divin ; on est toujours seul dans sa quête spirituelle et il est autant de façons de prononcer le nom de l'absolu que d'organismes vivants.
Je garderai toujours en moi la bénédiction de silence que ce père me fit connaître, une grise matinée d'hiver parisien.
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Marc de SMEDT, 1993.
La porte oubliée du bon sens dans la quête du sens.
Albin Michel, Paris, p.p.119-120