3ème dimanche de Pâques – « Que s’accomplisse … »

« Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire » . La joie pascale toute intérieure met du temps à passer à la foi. Joie d’un passage accompli en Jésus, elle reste pour nous à recevoir. La Bonne Nouvelle à laquelle nous résistons le plus, c’est celle de Pâques. Qu’il souffre et qu’il ressuscite le 3ème jour, ça ne veut pas rentrer. Les disciples d’Emmaüs ont déjà oublié le caté que le Ressuscité leur a fait. La fraction du pain, ça oui, ça leur avait parlé, c’est là qu’ils l’avaient reconnu. De son vivant, Jésus l’avait dit 3 fois aux douze, mais ils n’ont rien retenu. Le caté, la messe, les sermons, ce n’est pas ce qui parle le plus aux lycéens de l’aumônerie. Ils sont plus sensibles bons repas partagés entre amis, au récit d’un bénévole parti un an chez les MEP aux Philippines, à Taizé pour une expérience de fraternité et de silence. Qu’est-ce qui fait que l’étincelle de Pâques surgit et réveille l’un ou l’autre ? Le Ressuscité apparaît à des cœurs qu’il a déjà visités, à qui il manquera après son passage accompli. Aujourd’hui des adultes le rencontrent, semble-t-il, qui demandent le baptême. Il continue donc de passer …

La Bonne Nouvelle qui résiste, c’est que « tout est accompli ». « Il fallait que s’accomplisse ce qui était déjà annoncé par Moïse et les prophètes ». Elle demande de quitter notre Jésus et les bons moments avec lui. J’ai, nous avons, à le laisser partir vers son Père, seul chemin pour nous si nous voulons entrer dans une conversion qui ne s’arrête plus. Mais se convertir sans fin et vivre de l’Esprit, qui en veut ? C’est la Bonne Nouvelle, il n’y en a pas d’autre. Il nous reste à l’accueillir et à la vivre : « à vous d’en être les témoins ». La conversion à laquelle le Ressuscité nous invite, c’est de devenir témoins d’une telle Nouvelle. Pâques révèle le péché dont nous avons à sortir, qui veut capter Dieu, la vie, l’ami, comme si nous étions seuls maîtres de tout. Non, l’être vivant est celui qui reçoit l’haleine de vie, l’Esprit qui anime le Fils de Dieu et lui donne de passer en faisant le bien. Avoir « notre Rabbouni » à nous, non. La Bonne Nouvelle à laquelle je résistais sans le voir, c’est que Pâques est à recevoir en moi, qui m’ouvre aux frères et sœurs du Ressuscité. Un peu comme Pierre, qui en devient un, étonnant, devant le peuple et les chefs juifs.

Olivier de Framond, compagnon jésuite

Ac 3, 13-15.17-19 ; Ps 4, 2, 4.7, 9 ; 1 Jn 2, 1-5a ; Lc 24, 35-48