Heureuse femme, celle que pointe l’auteur des Proverbes ! Heureuse parce qu’elle craint le Seigneur, précise-t-il. Et craindre le Seigneur la dispose à tout recevoir comme un don. Alors elle fait fructifier les talents, les dons, que le Seigneur lui confie : ses doigts de fée, ses mains de fée, le fil et le fuseau du tisserand. Et elle accueille bien d’autres dons : son mari, mais aussi les pauvres, à qui elle tend la main et l’art de ses doigts ! Ses œuvres la font entrer dans la joie de son Maître. Elle a grandi, le maître est parti, elle a reçu cela comme un appel à louer Dieu, et louer Dieu, pour elle, c’est passer par ses mains, son temps, l’attention aux autres. Elle craint le Seigneur. Notre troisième serviteur craint son maître, mais c’est une autre crainte. Une crainte qui l’isole. Pour lui, l’homme est un loup pour l’homme, il ne connaît que ça. Il n’y a pas de relation possible, car il ne le connaît pas, il « sait » et il s’enferme dans un savoir, des certitudes, qui le font se terrer. Comme Adam et Eve qui ont oublié que Dieu était Quelqu’un, un Ami, leur origine. Craindre le Seigneur c’est demeurer en lui, comme le Fils qui ne fait rien de lui-même.
« Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit », dit Paul. L’homme qui confie ses biens et part, Jésus en parle juste avant son départ, sa Passion. Cet homme, le maître, c’est lui. Il nous confie ses biens. Ce jour du Seigneur, c’est celui où le maître revient. « Ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur », poursuit Paul en s’adressant aux baptisés. Et c’est vrai, il n’a pas surpris les 2 premiers serviteurs de la parabole. La seule manière de veiller, c’est de demeurer à recevoir les biens reçus et à les faire fructifier. Et quand la force s’en va, quand veiller devient rude, Père, n’oublie pas tes enfants bien-aimés.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Pr 31, 10-13.19-20.30-31 ; Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5 ; 1 Th 5, 1-6 ; Mt 25, 14-30