On dirait que c'est en situation d'exil que le peuple est le plus uni. "Criez tous", que « JE les rassemble tous ensemble", dit le Seigneur par Jérémie. Et même l'aveugle, le boiteux, la femme enceinte, la jeune accouchée, qui pourraient être largués, sont là, qui marchent vers Sion, tous ensemble. Notre Eglise ne connait-elle pas encore assez l'exil ? L'exil fait aller et venir. "Il s'en va, qui sème dans les larmes ; il s'en vient, il rapporte les gerbes". L'exil peut-être un temps souterrain où une vie est jetée en terre, pour une récolte à venir.
Au temps de Jésus, tous ne crient pas ensemble. Il y en a cependant un qui trouve la foi pour crier : Bartimée. Il est de ces aveugles qui espèrent "revenir à Sion" et sèment dans les larmes, exilé en lui-même. Ceux qui sont revenus d'exil, qui apparemment voient et marchent, le font taire. Mais il crie de plus belle. C'est un cadeau que Bartimée leur fait. Crier de plus belle, plutôt que retenir sa parole, ouvre la foule au don de Dieu que l'aveugle, lui, a reconnu. La parole s'ouvre : "Confiance, lève-toi, il t'appelle". Bartimée en criant, et Jésus en s'arrêtant, rouvrent l'oreille des sourds et la parole des muets. Heureusement la foule n'a pas rabroué Jésus ! En passant, en s'arrêtant, en amenant Bartimée à dire ouvertement son désir le plus fort, Jésus donne à la foi, notre foi, d'agir "Va, ta foi t'a sauvé". Comment aujourd'hui encore, dans nos lieux et occupations ou services, laissons-nous le Seigneur nous ouvrir à la foi jusqu'à voir et marcher vers la Vie ? Voir est là quand une soif, un désir trop enfoui, viennent au jour. Marcher, suivre le Christ, est là quand l'autre, les Bartimée, et leurs cris sont reçus. Rabbouni, que je voie !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Jr 31, 7-9 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46b-52