« Nous avons vu le Seigneur » ! Et nous ? A priori nous ne l’avons pas vu. Alors cette parole est pour nous : « heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Ceci dit, je ne serai pas contre voir le Ressuscité … Non, « deviens croyant », Thomas, devenez croyants, vous, les Thomas de la terre ! Voir et croire, voilà un binôme cher à l’évangéliste. Thomas voit quand même une chose : 10 frères qui ont vu le Seigneur, et ça les a mis en joie. La crainte n’est pas partie, les portes restent verrouillées, mais elles n’ont pas arrêté la joie. Joie « en voyant » Jésus au milieu d’eux.
Avec Thomas, la joie va faire un saut : la joie de croire, sans voir. « Deviens croyant ». Nous le devenons en effet, dans nos portes qui peuvent se décoincer, en nous tournant vers Celui qui donne la PAIX véritable. C’est la première parole du Ressuscité. Il se reconnaît à la paix. Une paix, fruit d’une traversée libre, offerte, filiale. Le ressuscité donne de CROIRE. Croire fait regarder la vie autrement. La mort, les aveuglements, le péché, l’ivraie, la souffrance, ce n’est pas la fin. Elles se traversent. Jusqu’à la paix, aboutissement d’une offrande douloureuse traversée. Quand il leur montre ses mains et son côté, c’est déjà un envoi.
Ce que Jésus donne à ses amis, c’est de se laisser envoyer, de renaître, comme il s’est laissé envoyer par le Père. Les couples qui passent ici m’offrent le plus fort et le plus fragile de leur trésor, à savoir que chacun aime l’autre tel qu’il est et prenne le risque de se laisser aimer par l’autre en tout soi-même, pas une partie. C’est sans doute cela, croire. Jésus insuffle en eux une nouvelle haleine de vie : l’Esprit. Certains accueilleront ce souffle, ceux à qui les péchés seront remis, pour discerner le Père et la vie qui vient de Lui. Ils accueilleront que soient révélés les cœurs, qui aiment ou crucifient. Pour une vivante espérance, dit Pierre. « Les épreuves vérifieront la valeur de votre foi ».
La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. On le voit dans les Actes, la pierre devient communauté qui partage le pain et les biens. Une fraternité naît. Entre eux ils s’appellent « les croyants », celles et ceux qui ont cru sans avoir vu, traversant avec le Christ une vie et un monde comme Jésus l’a reçu de son Père. Le souffle est là, au-delà des mains et du côté qui ont éprouvé un monde de péché. Au-delà et en eux. C’est le dimanche de la Miséricorde divine.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ac 2, 42-47 ; Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24 ; 1 P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
