Traverser les tempêtes, c’est l’œuvre de Dieu. Elie a fui la tempête des « prophètes de Baal » qu’il a exterminés et qui lui vaut la colère de Jézabel. Paul connaît une autre tempête, qui lui fait sortir un cri de douleur qui prend aux tripes, tiraillé entre ses frères juifs dont il a tout reçu et le Christ à qui il voue sa vie et qui le sépare de ses frères. Et les douze affrontent une tempête sur la mer de Tibériade toute une nuit. Quand Jésus les rejoint, on est à la fin de la nuit et ils sont encore au milieu des vagues et des vents contraires. Il y a des périodes où tout semble se liguer contre soi, de creux en creux, d’épuisement en épuisement, dans une spirale négative. On aurait voulu arrêter le temps à ce moment où tous étaient rassasiés, mais non. « Aussitôt il les obligea à le précéder sur l’autre rive ». Et même les plus marins du groupe sont perdus et tout patine. L’autre rive, ils l’atteindront quand surviendra le « murmure de fin silence », cette brise légère où Elie reconnaîtra le Seigneur. Après une fuite interminable et désolante, Il entendra alors le Seigneur l’appeler à retourner vers Acab et Jézabel ! Les tempêtes, c’est nous qui les créons.
Le Seigneur, l’Ami, vient nous apprendre le chemin de la paix. Allez, « viens », viens traverser les eaux, avec moi. Il suffit de lever ton regard vers moi. C’est mieux que de regarder le vent et de ne voir plus que ses pieds, surtout qu’ils sont en train de couler ! Jésus, c’est vrai, n’est pas monté tout de suite dans la barque. Le vent serait tombé, on n’aurait rien éprouvé. Dieu aime nous voir grandir dans la foi à marcher sur les eaux de la vie. Bon, ça passe par des nuits dont nous nous passerions. Mais il guette notre pas vers Lui. Plus tard il montera dans la barque, le vent s’apaisera, il nous aura exercé à sa Paix, celle qui a traversé les tempêtes, quand, ressuscité, ses amis enfin le reconnaissent et se laissent rencontrer par son souffle.
« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ». Un centurion s’exclamera ainsi quand Jésus remettra l’Esprit à la terre. La paix de Dieu a traversé nos tempêtes, jusqu’à ce Père prodigue qui le relèvera.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
1 R 19, 9a.11-13a ; Ps 84 (85), 9ab-10, 11-12, 13-14 ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33