Se rappeler du contexte du récit de Saint-Luc que nous venons d’entendre est important pour être en phase avec la dynamique du texte.
Il s’agit des réflexions du Christ sur le Temple, la destruction du temple, le verset 6 du chapitre 21. Les gens lui demandent quand cela arrivera et lui va enchaîner tout un discours qui va jusqu’à la fin de ce chapitre, le verset 38.
La seconde reconstruction du Temple est réalisée sur les fondations du premier, celui de Salomon, qui avait été détruit et pillé en 586 av. J. -C à l'issue du siège de Jérusalem par l'armée babylonienne. Le second est achevé en 516 av. J.-C.
Ce Temple est petit et n’a pas la splendeur du premier. C’est un piètre substitut de l'original.
Le Temple est donc restauré et agrandi sous Hérode le Grand, à partir de 19 av. J.-C et s’achève vraiment en 63 de notre ère.
Sept ans après, le Temple sera détruit par Titus pour reprendre le contrôle de la Judée!
Le Temple est le cœur de Jérusalem, le cœur de la vie religieuse et politique, le cœur de l’imaginaire du peuple pour vivre le présent et se projeter dans le futur.
La destruction du Temple est donc une catastrophe, car même la représentation de soi en est affectée.
Ironie de l’histoire, l’esplanade du Temple est devenue l’esplanade des mosquées, à la suite de la prise de la ville par les musulmans. Les juifs, ainsi que les non-musulmans, peuvent y venir à certaines heures, mais sans pouvoir y prier de manière visible.
Il ne reste que le mur des Lamentations, ce qui reste du mur de soutènement ouest du Temple qui jouxte le quartier juif.
L’incendie de la cathédrale de Paris a provoqué de l’émotion et des dons ont afflué du monde entier pour sa restauration. Il paraît que l’édifice est splendide à l’intérieur. Voilà un motif pour votre prochain voyage à Paris.
Si ND de Paris a suscité une telle émotion, à plus forte raison le Temple de Jérusalem, dont l’importance est sans commune mesure avec celle de ND de Paris.
L’interprétation qu’en donne Luc de la catastrophe à venir est la suivante. Jésus pleure sur Jérusalem « tes ennemis ne laisseront que pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps de ta Visitation » (Luc 19, 44), ou « parce que tu n’as pas reconnu celui qui te visitait ». Là, Luc fait allusion à la dimension cosmologique de la venue du Christ.
Dieu donne et ne reprend pas. Néanmoins, nos choix ont des conséquences. Il ne faudrait pas reprocher à Dieu de ne pas nous suivre dans nos choix quand ces derniers nous écartent de notre vocation.
Le Christ utilise le vocabulaire apocalyptique qui a ses propres codes pour parler de sa venue.
Il utilise des images comme le fracas des mers, les astres qui se décrochent, etc.
Ces images veulent signifier le déchaînement du chaos qui précède l’avènement d’un monde nouveau dans lequel le mal aura perdu sa puissance.
Rappelons toujours que la temporalité de Dieu n’est pas celle des hommes.
Quoi qu’il en soit, l’histoire avance, l’histoire mûrie comme une céréale qui monte en graines, qui passe à la phase d’épiaison.
Le temps des sacrifices touche à son terme.
Ainsi, même si le Temple n’avait pas été détruit, sa fonction aurait changé pour devenir une grande synagogue.
Dans la réponse du Christ à la question qui lui a été posée, il appelle ses interlocuteurs à se fixer sur sa parole, car sa parole est indestructible. Sa parole est en phase avec le mûrissement de l’histoire ; sa parole est actuelle ou vivante.
Sa parole devient la fondation des nouveaux temples que nous sommes.
Pour ne pas oublier ce fondement, nous devons vivre consciemment, rester en phase avec l’avancée de l’histoire qui est celle de l’évolution et le développement de la Révélation.
Comment ? En priant pour accéder à l’état de veille.
La prière est la conversation avec Dieu.
C’est ce que faisait le Christ dans ses moments de prière à l’écart.
Après tout, il est le modèle à suivre pour rester éveillé, pour conserver cette vigilance basale, cette vigilance intérieure, afin de ne pas être ballotté par les événements que nous ne maîtrisons pas et qui risquent de nous faire perdre haleine.