Jeudi 18 juillet 2024
Prendre sur nous son joug, voilà un drôle de travail. « Son joug », déjà, quel est-il ? Et le prendre, celui-ci et pas un autre, ce serait quoi ? … Les tracteurs ont fait partir les jougs et les bœufs qui les tiraient. Un joug est posé sur la deux-bœufs. C’était pour travailler la terre, la préparer pour les semailles. Peut-être pour d’autres choses aussi mais c’est le souvenir qu’il me reste. Le moteur a remplacé et le joug et les bœufs. Mais est-ce pour travailler toutes nos terres ? Il y a une terre humaine que seul le Fils de l’Homme sait travailler, aucun tracteur ne le remplacera. C’est sans doute celle de nos dispositions intérieures, celle qui fait que nous communions ou non avec les autres, celle qui fait que nous pouvons connaître la Joie, celle qui demande un cœur de bon berger tourné vers la vie et la joie de ses brebis.
Un bœuf sans joug, il vaque à ses besoins, il fait ses « trois huit », c’est-à-dire il broute, il rumine, il dort, 8 heures, 8 heures, 8 heures. Un bœuf avec joug sort de son ordinaire, il devient Serviteur, il marche, il va de l’avant, sous le guide du paysan. Il fait corps avec lui et avec la terre, une vie nouvelle s’engage. Et le paysan, ce « païen heureux d’exister » - selon les mots de Roger Etchegarray -, n’est tourné que vers le fruit de sa terre, la Joie. Il y appelle un autre bœuf, c’est lui de toute façon qui tire et donne le rythme, l’autre n’a qu’à se laisser mener. Et vient une deux-bœufs, une trois-bœufs, une « Jésus & disciples » - bœufs ! Celui-là qui n’est pas venu apporter la paix mais le glaive, fait trouver le repos à qui erre loin de la Joie de son Créateur. Alors si vous ne savez pas comment prendre sur vous son joug, demandez-lui, il vous trouvera un Paysan, le Père, pour vous aider. (Olivier de Framond, compagnon jésuite)