Heureux les pauvres de cœur, mais qu’appelle-t-il les pauvres de cœur ? C’est « ceux-là » qui viennent de la grande épreuve. Ils ont traversé la condition humaine. On ne les remarque pas, ils ne font pas de bruit. L’espérance est leur guide. Ce sont les premiers vulnérables aux grands qui font peser leur pouvoir. Heureux, ils le sont car le Royaume des Cieux est à eux. Au présent, pas au futur, cette béatitude est à l’œuvre, pour qui contemple le monde avec les yeux de Dieu. Un Père prodigue les engendre. Ils sont enfants de Dieu dès maintenant. L’accueillons-nous ?
Il n’y a que Dieu pour être vraiment humain ! Une différence avec moi, c’est que Dieu choisit la condition humaine jusqu’au bout. Moi je m’arrête et peste parfois : « saleté de condition humaine ! », je vois d’abord le matin, le soir tout finit. Dieu voit de façon inverse : « il y eut un soir, il y eut un matin ». La nuit que je vois comme une fin finale, pour Dieu annonce le jour. Une naissance me réjouit, une mort m’attriste. En Dieu, de la nuit naît le Matin de Pâques, le jour du Ressuscité. Il y eut un soir, il y eut un matin ! C’est l’Espérance.
Et l’Espérance ne trompe pas. La Toussaint se célébrait d’ailleurs au temps pascal, en mai, au début, ai-je lu. La foule des saints a reconnu, même obscurément, l’Agneau qui conduit à la Joie. Ils se reçoivent de Lui, pèlerins d’Espérance. Pauvres de cœur, ils ont mené le bon combat. Avec eux, en tous points de la terre, c’est une immense action de grâce que nous exprimons, pour Dieu à l’œuvre en eux. Ils ont blanchi leur habit au sang de l’Agneau. Ils ont reconnu en lui la joie d’être sauvés ! Sauvés de quoi ? d’un regard qui ne voit pas ! Voir Dieu tel qu’il est, en enfants de Dieu, là vient la joie des baptisés renouvelés. Leur combat n’a pas grand-chose des combats des humains entre eux. C’est un combat invisible et persévérant, qui ancre leur chemin dans le « Amen » des saints. Amen, l’offrande de Dieu en son Agneau, voici notre chemin. Les cœurs purs se réjouissent que Dieu est Dieu. Une brebis perdue et retrouvée, une nuit qui devient lumière, voici leur joie !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23(24), 1-2.3-4ab, 5-6 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a