« Quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t’appelle, je t’ai vu ». L’étonnant, c’est que ça suffit à Nathanaël pour reconnaître le Fils de Dieu et le roi d’Israël. Il était pourtant sur la réserve : les Ecritures ne montrent rien de bon qui puisse venir de Nazareth. Et pourtant il a suffi d’un regard peut-être, d’une parole, pour qu’il accueille là une révélation. Jésus va l’ouvrir à une intelligence nouvelle des Ecritures, lui le spécialiste. En fait il n’y a pas d’expert, car la Parole de Dieu se révèle de l’intérieur. Avant la rencontre du Nazaréen, Nathanaël est comme un exégète du Centre Sèvres ou d’un Institut Catholique. Après la rencontre, c’est un enfant de Dieu, qui trouvera un chemin en passant peut-être au Châtelard ! Et il verra même plus grand encore qu’un Jésus qui l’a vu sous le figuier.
Et là, Nathanaël, ce n’est pas que toi, c’est une multitude, qui verra le ciel s’ouvrir et les anges monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. Le Fils de l’homme, ce n’est plus le Jésus que je vois, c’est le vrai Homme et vrai Dieu qui se révèlera à nous, face à face. Cette multitude, c’est peut-être la Fiancée dont il était parlé hier et que l’Apocalypse évoque : l’épouse de l’Agneau. Il n’y a que Dieu pour être agneau et engager des noces, et avec une drôle d’épouse ! Mais l’épouse, elle aussi, est plus que seulement celle que je vois. Elle est cette Ville Sainte, cette Humanité même, qui descend du ciel et rayonne la gloire de Dieu. Car elle est entrée dans son combat : elle reçoit la vie, elle la reçoit de l’Agneau. C’est ce qui fait qu’elle est nouvelle, nouvelle Jérusalem. Nathanaël naît au Fils de l’homme, pour redécouvrir les Ecritures, se laissant désarçonner parfois comme le seront ses compagnons, Marie-Madeleine, Jean-Baptiste, et nous-mêmes peut-être.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
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