« Peux-tu me confondre avec les idoles ? ». La relation entre le peuple élu et son Dieu semble n’avoir jamais été simple. Qui es-tu, Dieu, pour nous conduire ainsi ? Qui es-tu, Dieu que nul ne voit, qui n’a pas de nom mais seulement des attributs, « l’Eternel », « le Miséricordieux », insaisissable ? On te nomme « JE SUIS », et tout est là. La frontière entre toi et les idoles semble floue, ténue. Je peux penser te louer, et en fait n’adorer qu’une idole. L’idole semble un Dieu que je me fabrique, pour me rassurer : un travail, un ouvrage – Osée l’appelle « ouvrage de nos mains » –, un loisir, une occupation, un pouvoir sur les autres, quoi d’autre encore ? Tandis que toi, Dieu, tu nous réponds, dit Osée, tu portes sur nous ton regard, tu nous donnes de porter du fruit. Alors pourrais-je te confondre avec les idoles ?
Quand tu nous appelles à revenir au Seigneur notre Dieu, au milieu d’un effondrement, on pourrait dire aujourd’hui au milieu de nos confinements, tu me dis seulement : regarde ce qui donne ton fruit, regarde ce qui te sauve – de quoi ? d’une mauvaise solitude, de la peur d’être contaminé, de l’angoisse d’un avenir de fait bien bousculé ? d’un exil moderne où les humains s’enferment ? d’une planète non respectée ? quoi d’autre ? –. Choisis la vie, c’est : « reçois-la de cet Autre », Dieu. Il nous guérit de la seule maladie qui soit : l’infidélité. Infidélité à quoi ? Infidélité à Celui qui porte sur nous un regard de tendresse, en ne nous laissant pas regarder par Lui. Comme si on n’avait pas le temps pour ça.
Un jour Dieu lui-même s’est fait homme pour que nous devenions fils, filles, de Dieu.
Olivier de Framond, compagnon jésuite