Dieu ne peut être là entre 2 frères désunis. Si je veux l’aider à venir, j’ai à entrer dans une vie fraternelle avec mes proches. Alors « si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches », dit l’évangéliste. Quel péché a-t-il pu faire ? Mon frère a dit du mal de moi dans mon dos ? ma sœur a pesté sur moi à ses copines ? Me tuer ? là j’aurai du mal à aller le voir. Le péché, contre le ciel et contre le frère, c’est ce qui ne le considère pas tel qu’il est. Le péché n’accueille pas l’autre, il empêche l’autre, Dieu, de m’offrir le meilleur de lui-même. Les 2 en pâtissent, lui et moi. Le fils prodigue qui revient engendre son père. Les 2 revivent ! L’Esprit est là quand une voix peut jaillir : « tu es mon enfant bien-aimé » !
Faire des reproches à mon frère, ce n’est ni le détruire ni faire comme si rien ne s’était produit. Jésus invite à une clarté plutôt qu’à rester dans la confusion : lier ou délier. Il ne laisse jamais des non-dits, des murmures, s’installer car ils sont une pente vers le péché, qui ferme sur soi ou enferme l’autre : « celle-ci, c’est une pécheresse », « celui-là, c’est un collecteur d’impôts ». Moi-même je peux m’accuser d’une liste de péchés mais le péché véritable demeure : je n’accueille pas Dieu, tel qu’il est, berger qui se réjouit de la vie retrouvée pour sa brebis égarée. Pauvre Dieu que j’ignore ! et pauvre moi aussi, solitaire courant après une image de moi parfait jamais atteinte…
Ce frère qui a péché contre toi, va le voir seul à seul d’abord, comme Nathan avec David. Si le frère ne bouge pas, va le voir avec des témoins, sinon avec l’assemblée tout entière. Ce que Dieu désire, c’est la miséricorde, une relation vivante et féconde. Il en va de la vie du corps entier … A Nazareth, quand les siens ne le reçoivent pas, Jésus ne peut faire aucun miracle. Vais-je t’aider, Dieu, et toi mon frère, ma sœur, comme Etty Hillesum, à ne pas vous éteindre en nous ? Dieu, viens à mon aide.
Père Olivier de Framond