Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Quelqu’un s’est préoccupé de mon bonheur, j’ai ressenti une paix infinie pour la première fois.

Publié par Jardinier de Dieu sur 6 Mars 2020, 14:00pm

Catégories : #Pape

Une jeune femme catholique chinoise venue en France pour son travail témoigne de son chemin de foi pour nous aider à prier pour

« Que l’Église en Chine persévère dans la fidélité à l’Évangile et grandisse dans l’unité. »

« Je me suis convertie au début des années 2000. Je ne suis pas d’une famille catholique et même au contraire, mon père travaillait pour le parti communiste qui ne croit pas à l’existence de Dieu. J’ai déménagé à Shanghai pour le travail en 2006. A ce moment-là, je n’avais aucun ami à Shanghai mais mon appartement était juste à côté d’une église. J’ai eu l’occasion d’y aller pour la première fois avec une connaissance un dimanche matin. Quand la messe a commencé, j’ai été surprise que le prêtre parle de choses très simples et basiques sur l’amour du prochain sans aucune ironie ou blague. Je n’avais jamais entendu d’idées pareilles avant. A l’université, les conversations portaient essentiellement sur la performance, les bonnes notes, la bonne école, puis enfin, le travail. Personne ne se disait ‟Je dois aimer mon prochain, je dois penser à mon âme.” Alors, pendant cette messe, j’ai ressenti une paix infinie pour la première fois de ma vie.

Je n’ai pas recroisé cette personne qui m’a fait découvrir l’Église mais j’ai continué d’aller à la messe le dimanche. J’ai très vite demandé à recevoir le baptême. En Chine, il faut avoir 6 mois à 1 an de catéchisme avant. Et surtout, il faut s’inscrire et attendre d’avoir de la place dans les cours de catéchisme. J’ai reçu le baptême 2 ans après.

Quand j’ai décidé d’accepter le baptême, je ne pouvais pas partager la nouvelle avec mes parents, parce qu’ils auraient refusé cette décision. Les catholiques sont minoritaires en Chine et ils sont mal vus par le gouvernement. Nous nous étions déjà disputés sur ce sujet avant. Je ne leur ai donc pas dit. Mais quatre ans après, quand ils sont venus me voir, je le leur ai dit et je leur ai témoigné la paix que j’avais trouvée dans l’Église et comment je vivais ma foi. Ils ont vu comment j’étais heureuse d’aller à l’église et de rester avec mes amis chrétiens, en particulier, quand je traversais des  épreuves. Je pouvais trouver la paix en priant Dieu. Ils m’ont comprise et m’ont encouragée à prier. Ils avaient leurs propres convictions, ils m’encourageaient à prier mais ils ne voulaient pas pour autant aller à l’église…

10 ans après, j’ai déménagé en France. Ce pays est magnifique mais travailler et vivre ici ont été un vrai défi pour moi. A cause du choc culturel et de la manière différente de travailler, je me sentais exclue par mes collègues et je déprimais. Je ne pouvais pas le dire à mes parents et à mes amis en Chine. Pour eux, la chance que j’avais d’être en France était tellement énorme que j’étais forcément heureuse.  Et bien sûr, les collègues français ne comprenaient pas ma tristesse.

Il ne me restait qu’à prier. Les prêtres et la communauté de la paroisse St Julien m’ont apporté un grand soutien dans cette période difficile. J’ai rejoint les activités de la paroisse, comme les randonnées spirituelles, une retraite dans un chalet, un pèlerinage à la Notre Dame de la Salette, et j’ai célébré Noël avec toute la communauté. J’étais heureuse d’échanger avec les catholiques français et de partager mon expérience avec mes amis restés en Chine. Je leur racontais comment les jeunes chrétiens en France aident les plus démunis ou comment ils organisent des soirées joyeuses entre eux, comment les prêtres travaillent dans leurs paroisses. Ils m’ont ouvert les yeux.

J’ai été particulièrement touchée par le Père Emmanuel. Ce jeune prêtre ne parlait pas anglais et moi pas français, mais il avait remarqué que j’étais nouvelle et on se comprenait sans parler la même langue. Il m’a demandé à la fin d’une messe si j’étais heureuse. Ça m’a frappée. Quand mes parents me téléphonaient, ils me demandaient systématiquement si je dormais bien, si je mangeais bien, cela suffisait. Ils ne me demandaient jamais si j’étais heureuse. C’est une des rares fois dans ma vie où quelqu’un s’est préoccupé de mon bonheur.

Ma parole d’évangile préférée, ce sont les Béatitudes. Je crois que ma vie en France est un défi pour ma foi, mais je peux seulement avoir confiance en Dieu.

Sur la différence entre l’Église de Chine et celle de France que puis-je dire ?

J’ai rejoint la communauté chrétienne à Shanghai. Cette communauté a comme vocation d’aider les enfants pauvres en leur donnant une éducation et également de prendre soin des personnes âgées.

La plus grande différence se situe dans le rapport au gouvernement. En Chine, chaque initiative des paroisses doit être rapportée au gouvernement et doit avoir son aval pour être réalisée. La plupart des projets proposés sont refusés par le gouvernement ce qui laisse une marge de manœuvre très restreinte pour organiser des activités en paroisse.

Une autre différence qui m’a marquée : en Chine, aucune activité de paroisse n’est proposée en semaine ; au contraire, en France, de nombreuses activités sont proposées tous les jours. »

Témoignage recueilli par l’Équipe France

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