Autrefois, quand j’étais enfant, ma grand-mère nous racontait l’histoire d’un vieux grand-père qui se salissait en mangeant parce qu’il n’arrivait pas bien à approcher de sa bouche la cuillère de soupe. Et son fils, c’est-à-dire le père de famille, avait décidé de ne plus le mettre à la table commune et il avait fabriqué une petite table dans la cuisine, où on ne le voyait pas, pour qu’il mange tout seul. De cette façon, il n’aurait pas honte quand des amis venaient pour le déjeuner ou le dîner. Quelques jours plus tard, en rentrant chez lui il trouve son plus jeune fils en train de jouer avec du bois, un marteau et des clous, et de faire quelque chose, et il lui dit : « Mais que fais-tu ? – Je fais une table, papa. – Une table, pourquoi ? – Pour l’avoir quand tu seras vieux, comme ça, tu pourras y manger. » Les enfants ont plus de conscience que nous !
Le commencement de la sagesse, le progrès, tiennent surtout à un changement de perception, à une nouvelle prise de conscience. Prise de conscience souvent interdite par des poids, des convenances qui nous empêchent de recevoir la réalité en toutes ses dimensions. Et oui, dès que je nais, je sais que je vais devoir a priori vieillir et vivre le même cheminement que celui qui me précède, mon père, ma mère… Alors la manière dont je me comporte, risque bien d’être la manière dont on se comportera avec moi… Attention… commencement de la sagesse, la crainte pour soi…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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