... A ceux qui disent que la vie n'a pas de sens, je répondrai en effet qu'elle n'aura jamais de sens si elle n'a pas
d'abord une saveur, et à ceux qui refusent les fortes joies de l'instant parce qu'ils ont la pensée lacérée de grands soucis politiques et sociaux, je dirai que le politique et le social n'ont
pas besoin d'une pitié larmoyante, mais veulent d'abord l'élan de notre compagnonnage et de notre entêtement.
Chaque instant est un cadeau qu'il faut savoir saisir, quoi que nous fassions. "Agir est une joie, percevoir est une joie aussi, et c'est la même. Nous ne sommes point condamnés à vivre ; nous vivons avidement. Nous voulons voir, toucher, juger ; nous voulons déplier le monde." Et les philosophes païens ne sont pas seuls à s'exprimer ainsi. Il y a dans l'espérance, la foi et la charité une véritable sommation du bonheur. (Avril 1981)
France QUERE
Le sel et le vent, 1995.
Bayard éditions (5ème édition), Paris, p. 25.