Dans le baptême, nous devons nous conformer au Christ. Mais le baptême, nous le savons, ne
produit pas automatiquement une vie cohérente : cela est le fruit de la volonté et de l'engagement persévérant à collaborer avec le don, avec la grâce reçue.
Et cet engagement coûte, il y a un prix à payer personnellement, car suivre le Christ signifie partager sa passion, sa Croix, le suivre jusqu'au
bout.
La vie chrétienne commence par un appel et attend toujours une réponse, Et cela, tant dans la
dimension du ‘croire' que dans celle de l''agir' : la foi comme le comportement du chrétien sont correspondant à la grâce de la vocation.
Dieu avait appelé chacun par son nom. Dieu est si grand qu'il a du temps pour chacun de nous, qu'il me connaît, qu'il connaît chacun
de nous par son nom, personnellement : Dieu m'a appelé et il attend ma réponse. Cela devrait nous rendre attentifs à la voix de Dieu, attentifs à sa Parole, à son appel pour moi, pour répondre,
pour réaliser cette part de l'histoire du salut pour laquelle il m'a appelé.
Dans le texte Ep 4, 2, saint Paul indique 4 éléments concrets de
cette réponse avec 4 mots : « humilité, douceur, patience, supportez-vous les uns les autres avec charité » :
- «Humilité»: le mot grec est
«tapeinophrosyne», le même mot que saint Paul utilise dans la Lettre aux Philippiens lorsqu'il parle du Seigneur, qui était Dieu et s'est humilié, s'est fait «tapeinos», s'est abaissé jusqu'à se
faire créature, jusqu'à se faire homme, jusqu'à l'obéissance de la Croix (cf. Ph 2, 7-8). L’humilité n'est donc pas un mot quelconque, une simple modestie, quelque chose... mais c'est un mot
christologique. Imiter le Dieu qui s'abaisse jusqu'à moi, qui est si grand qu'il devient mon ami, qu'il souffre pour moi, est mort pour moi. C'est l'humilité qu'il faut apprendre, l'humilité de
Dieu. Cela veut dire que nous devons nous voir toujours à la lumière de Dieu; ainsi, dans le même temps, nous pouvons connaître la grandeur d'être une personne aimée de Dieu, mais aussi notre
petitesse, notre pauvreté, et ainsi, nous comporter de manière juste, non comme des maîtres, mais comme des serviteurs. Comme le dit saint Paul: «Ce n'est pas que nous entendions régenter votre
foi. Non, nous contribuons à votre joie» (2 Co 1, 24) ...
- «Douceur»: dans le texte grec, on
trouve le mot «praütes», le même mot que celui qui apparaît dans les Béatitudes: «Heureux les doux, car ils posséderont la terre» (Mt 5, 5). Et dans le Livre des Nombres, le quatrième livre de
Moïse, nous trouvons l'affirmation que Moïse était l'homme le plus doux du monde (cf. 12, 3) et, en ce sens, il était une préfiguration du Christ, de Jésus, qui dit de lui-même: «Je suis doux et
humble de cœur» (Mt 11, 29). Dans ces paroles aussi, par conséquent, «doux», «douceur», est une parole christologique et implique à nouveau cette imitation du Christ. Parce que dans le baptême,
nous sommes conformés au Christ, nous devons donc nous conformer au Christ, trouver cet esprit de douceur, sans violence, convaincre par l'amour et par la bonté.
- «Patience», ou plus précisément la
magnanimité, «makrothymia» veut dire la générosité du cœur, ne pas être minimalistes en donnant uniquement le strict nécessaire: donnons-nous nous-mêmes avec tout ce que nous possédons, et
croissons nous aussi dans la magnanimité.
- «Supportez-vous avec charité»: c'est
une tâche de chaque jour de se supporter l'un l'autre dans notre altérité, et précisément en se supportant avec humilité, apprendre le véritable amour.
Quant à la « dimension ecclésiale » suit « cette parole de l'appel » : « Nous sommes appelés personnellement, mais
nous sommes aussi appelés dans un corps. Ce n'est pas quelque chose d'abstrait mais de très réel ». …
L'Eglise est un corps
dans lequel il « n'est pas si simple de s'intégrer ». Mais c'est ainsi que nous sommes en communion avec le Christ : en acceptant cette corporéité de son Eglise, de l'Esprit qui s'incarne dans le
corps.
Souvent, peut-être, nous ressentons un problème, une difficulté avec cette communauté, à commencer par la communauté concrète du
séminaire jusqu'à la grande communauté de l'Eglise, avec ses institutions. Mais nous devons aussi tenir compte qu'il est très beau d'être dans une compagnie, de cheminer dans une grande compagnie
de tous les siècles, d'avoir des amis au Ciel et sur la terre, et de sentir la beauté de ce corps, d'être heureux que le Seigneur nous ait appelé dans un corps et nous ait donné des amis dans le
monde entier.
Ce discours s'est enfin arrêté sur l'unité de l'Eglise, qui « est le fruit (...) d'un engagement commun à se
comporter comme Jésus, grâce à la force de son Esprit ». « Pour conserver l'unité de l'esprit, il faut imprimer sur son comportement cette humilité, douceur et patience dont
Jésus a témoigné dans sa passion. Prions la Vierge Marie pour qu'elle nous aide à
cheminer avec joie dans l'unité de l'Esprit.
Benoît XVI, vendredi 4 mars 2011, visite au grand séminaire de Rome
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2011/march/documents/hf_ben-xvi_spe_20110304_seminario-romano-mag_fr.html
photo http://www.diocesemontreal.org/tl_files/Une_foi_vivante/Le_Jour_du_Seigneur/La_liturgie_dans_la_vie_chretienne.jpg