Matthieu 5,43-48. Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait: "Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.
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« Vous avez appris qu'il a été dit » Voilà la situation au temps de Jésus justement, un savoir qui se reproduit, un savoir ancien, mais aussi un savoir qui est comme perdu, sans force. Il ne se réfère plus à une parole vivante prononcée par un être de désir. Le « Tu » n’est plus interpellé, sommé, le début de l’énonciation s’est perdu dans la transmission. Nous en faisons bien souvent l’expérience, notamment dans la vie collective, où les personnes en responsabilité parlent sans aucune conviction. Dès lors, les prises de parole sont sans dynamisme, enfermées dans l’insignifiant. Le monde devient fragile alors, dans ces conditions, peut surgir une rupture.
« Eh bien moi, je vous dis » Un homme parle mais il ne parle plus par rapport à un savoir reçu et à transmettre, il parle à partir de lui, de son expérience propre. Dans ce qu’il dit doit pouvoir se trouver ce qui lui donne la force d’énoncer ce qu’il dit, voilà l’enjeu : « être les fils de votre Père ». Voilà la source qui irrigue le cœur de cet homme Jésus, son action se réfère, prend appui sur cette autre Parole qui l’engendre. Sa parole devient alors d’une autre nature, elle ne peut plus se justifier par des considérations extérieures, mais elle devient créatrice. La Vie reçue se transmet, au-delà de nos raisons.
« Sur les méchants et sur les bons » Le dire de l’homme rejoint la parole de Dieu, cette parole créatrice qui rejoint chacune des créatures en son origine, bonne, voulue de Dieu. Il n’y a plus de jugement, mais le don de la Vie sans cesse. C’est à ce niveau que le Seigneur Jésus nous convoque. Et chacun de nous dans nos vies nous avons fait, nous faisons cette expérience d’être rejoints par une parole qui oriente nos vies, qui les sort de leur enfermement, qui les engendre. Recevons-la. Découvrons qu’en nous aussi cette capacité existe, notre propre parole est susceptible de laisser passer la Parole de création, la Parole de la Vie. En nous aussi, par Lui, avec Lui, et en Lui, tout peut s’actualiser… Soyons les enfants de Notre Père, vivons, transmettons cette Vie, cela se fait sans conditions.
Père Jean-Luc Fabre