Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 12, 46-50 Une nouvelle proximité, celle de la famille de Dieu

Publié par père Jean-Luc Fabre sur 23 Juillet 2018, 22:14pm

Catégories : #Ste Marie

Matthieu 12, 46-50 En ce temps là, comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu'un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler. » Jésus répondit à cet homme : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. »

colombe-main
Nous sommes comme la colombe du déluge, quittant le nid pour aller plus loin, sur le chemin de la fraternité universelle.

Ce passage d’Evangile nous dit en quoi consiste la Bonne Nouvelle du Salut et le saut qui est demandé pour y accéder, un saut que la vie religieuse manifeste par la mise en œuvre des trois vœux de religion.

« Sa mère et ses frères se tenaient au-dehors ». Ce bout de verset campe la tension entre deux proximités : celle de la famille « sa mère et ses frères » et cette autre proximité qui empêche cette première proximité de se rapprocher, la « foule » en devenir spirituel de « disciples » dans l’interaction avec Lui… L’enfant n’est jamais que l’enfant de ses parents, de sa famille. Il est potentiellement en relation avec beaucoup d’autres, car il est le fruit par son père et sa mère d’une rencontre de faisceaux de relations. Son identité est certes héritage mais aussi promesse, devenir… Il n’est pas possible de rabattre l’identité, de l’enfermer sur une seule dimension. L’identité est marquée en son sein, d’une capacité de devenir, d’évoluer parce qu’elle est travaillée par un appel toujours plus profond que l’expression qu’elle donne d’elle-même à un moment donné. Nous sommes ainsi mais nous pourrions être autres. Nous ne sommes pas que le fruit, le produit de la nature, nous en émergeons. Nous sommes appelés à un devenir, à partir de cette nature mais tout en la respectant dans notre évolution. C’est bien ce qu’en creux la crise actuelle de la société [le « mariage élargi », le post-humanisme] nous révèle. Notre devenir véritable est celui d’une évolution spirituelle [changer dans notre manière d’être] et non une augmentation [artificielle] de nos capacités pour acquérir une « humanité augmentée ». Mais notre devenir spirituel passe par l’interaction avec l’autre humain.

« Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Dès lors cette question peut surgir : quels sont les aides du devenir en moi, de ce devenir intérieur et profond qui me caractérise ? Comment est-ce que je me situe dans les relations proches qui aident à ce devenir ? Comment j’établis les relations avec les autres, tous les autres… A un moment, le devenir que je perçois m’amène à réévaluer les relations passées, les relations présentes, les relations à venir. Je ne tombe pas dans le relativisme, la traîtrise car toutes ces relations se trouvent prises dans la perspective du devenir profond qui se révèle à moi et qui me demande d’aller vers lui en mobilisant cette capacité en moi d’entrer en relation. Cette question surgit dans mon devenir, devenir qui est gros de ma réponse…

« Celui qui fait la volonté de mon Père » Jésus répond, nous pouvons à sa suite aussi répondre. Dans son chemin, dans mon chemin, celui qui aide ce chemin devient pour moi proche, parce que la relation avec lui fait grandir ma relation au Père, à mon devenir véritable. Je ne puis devenir sans la relation avec Dieu et sans la relation avec mon prochain, qui me devient alors encore plus proche dans cette quête commune vers le Mystère de Dieu. Par lui je deviens, par moi il devient aussi… J’entre dans un nouveau monde.

Ce mystère de l’homme se vit en toute situation, et notamment dans la vie religieuse où je ne choisis pas mes compagnons, mes compagnes. Mais je crois dans la foi, que les relations avec eux, avec elles, vont me donner de grandir, de devenir, de trouver le chemin de mon devenir, devenir qui ne se comprend pas en dehors du devenir de tous.

père Jean-Luc Fabre

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