Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 15,1-32 Les paraboles de la miséricorde, 24e dimanche du temps ordinaire, C

Publié par père Jean-Luc Fabre sur 14 Septembre 2019, 10:12am

Catégories : #2016 evangile piste de reflexion

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 15,1-32. En ce temps-là,  les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !”
Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’àce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

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Remarque préliminaire.
Les textes que vous lisez, présupposent, pour être reçus, une lecture préalable et attentive des passages de l’évangile qui les précèdent. Ces commentaires visent à vous aider à entrer dans un aspect de la page d’Evangile proposée chaque dimanche à notre foi par notre Eglise. Ces commentaires ne disent donc pas tout, ils suggèrent, ils vous appellent à un travail personnel de réflexion, d’interprétation… alors bon travail… et bonne habitation de la Parole de Dieu en vous…
Comprendre en profondeur la parole du Seigneur. Nous le mesurons bien, au fur et à mesure des semaines, au cours de cette marche vers Jérusalem, il nous est demandé d’être particulièrement attentifs au contexte dans lequel Jésus parle. Extraire ses propos de l’enjeu relationnel où se trouve Jésus, risque fort de nous amener à mal entendre ce qu’il dit vraiment. Jésus cherche à entrer en dialogue avec chacun et s’adresse à lui en particulier, en situation, qu’il soit à vouloir répartir les biens d’un héritage, pharisien invité à un repas, ou simple personne en train de le suivre en foule... Les notations des débuts des passages d’évangile sont donc à prendre au sérieux, à recevoir en premier, à devenir le fond de tableau à partir duquel nous pouvons recevoir sa parole, le laisser nous toucher… Saint Ignace dans la manière de prier qu’il a développée, propose toujours au retraitant de prendre le temps de faire la composition de lieu, d’habiter le lieu de la rencontre avant de voir, entendre, considérer les différents acteurs de la scène à méditer ou à contempler. Cela est vrai aussi des paraboles pour le passage de ce dimanche : elles ont leur propre consistance mais il importe grandement de mesurer dans quelles circonstances, dans quelle atmosphère Jésus les a racontées.
Les trois paraboles de ce dimanche sont la réponse que Jésus apporte à ceux qui lui reprochent la manière qu’il a d’accueillir les pécheurs. Jésus cherche donc là encore à les rejoindre, à les déplacer, à leur donner de considérer autrement les autres, la situation, eux-mêmes… Nous pouvons les entendre dans cette atmosphère de suspicion, percevoir comment le Seigneur relance la relation avec ceux qui se défient de lui, mesurer qu’il fait ce que raconte la parabole…
Que retenir des trois paraboles dans leur ensemble ? Considérons ce qu’elles visent à établir dans le cœur de l’auditeur. Quelle atmosphère dégagent-elles chacune à leur manière : celle de la joie lors de la découverte de ce qui était perdu… cette joie qui m’irrigue moi aussi lorsque je trouve, ce qui avait été perdu ou égaré, et que j’ai pris le temps de chercher avec soin et aussi confiance, cette joie lorsque j’obtiens ce qui n’était pas gagné d’avance. Cette joie, c’est celle du cœur de Dieu, celle qui se diffuse vers les amis de Dieu qui entrent en célébration, la joie qui vient de la générosité de la vie qui se donne et se redonne, qui se manifeste pour ce qu’elle est dans ce rebondissement, gratuité à la fois fragile et inaltérable, sans cesse renaissante. Elle nous entraine nous-mêmes toujours vers plus de dynamisme, de bonheur, d’ouverture, de confiance… cette joie qui ne cesse de se révéler en chacun de nos jours et ne cesse de nous unir à nos frères.
Cette joie me dit alors que, là où je suis, qui que je sois, un chemin m’est ouvert. Je ne suis pas définitivement perdu, cette joie peut me rejoindre, me ravir, me donner d’entrer avec tous les autres dans la danse, la sarabande… comme David jadis devant l’arche de l’Alliance… unifier mon être, le réconcilier, lui donner de danser avec toutes ses dimensions… m’ouvrir aux autres, à tous les autres…
A partir de là, je puis trouver mon propre chemin de conversion en me considérant autrement, tel que proposé dans ce commentaire (lien), où je découvre notamment en moi au-delà du rebelle et de l’adapté, pâles figures de celui que je suis, cette source de confiance jamais tarie de celui qui s’offre en vérité et douceur, et qui peut répondre à son Seigneur… Cette source de générosité qui ne cesse de se tendre vers le Dieu d’amour. Elle est mon germe le plus véritable

Père Jean-Luc Fabre
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