Jeudi (3ème semaine de Carême)
Luc 11, 14-23
En ce temps là, Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et la foule fut dans l'admiration. Mais certains se mirent à dire : « C'est par Béelzéboul, le chef des démons, qu'il expulse les démons. » D'autres, pour le mettre à l'épreuve, lui réclamaient un signe venant du ciel. Jésus, connaissant leurs intentions, leur dit : « Tout royaume divisé devient un désert, ses maisons s'écroulent les unes sur les autres. Si Satan, lui aussi, est divisé, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites que c'est par Béelzéboul que j'expulse les démons. Et si c'est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. Quand l'homme fort et bien armé garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité. Mais si un plus fort intervient et triomphe de lui, il lui enlève l'équipement de combat qui lui donnait confiance, et il distribue tout ce qu'il lui a pris. Celui qui n'est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. »
*********************
« « Mais certains se mirent à dire » Nous nous retrouvons encore une fois dans cette situation qui devient pénible parce que ne cessant de se rejouer, encore et encore. Quelle est-elle ? Jésus pose un miracle, l’être humain concerné guéri, la foule admire. Et alors des personnes se mettent à douter, à critiquer. Et tout retombe de ce qui cherchait à se dire, se manifester… Devant cette répétition de l’échec de la communication, peut-être faut-il réaliser que l’enjeu est bien plus vaste, que le Seigneur nous propose, à vrai dire, une radicale nouveauté, qui doit interroger notre système même de valeurs et pas seulement notre propre action, notre propre manière d’agir dans le cadre de ce système de valeurs…
« Et si c'est par » C’est bien ce que Jésus essaie de nous dire, de nous donner à comprendre à partir de ce que viennent de dire ses opposants. Il nous rappelle que toute action prend son appui d’un principe, la sienne, comme celle des disciples de ceux qui argumentent contre lui. Mais il nous dit aussi que l’espace dans lequel il nous propose d’entrer est autre, que les principes n’y sont plus les mêmes. Avec son action, nous entrons, dit Jésus, là où règne Dieu. Ce qui compte n’est plus le même. La mise en œuvre des principes y est autre, radicalement autre. Les messages aussi… Pour entrer dans ce Règne, nous devons accepter de renaître. Ce qui nous rendait fort, nos armes nos armures, est radicalement privé de pertinence. Les questions se prennent autrement. Que peut-on dire de ce règne ? Une caractéristique essentielle de cette nouvelle manière est qu’elle est relationnelle…

« Celui qui n'est pas » Le Seigneur pose là le nouveau principe. Un principe qui ne peut que nous apparaître que comme fou de prime abord. Ce principe de vie repose sur Lui. Il s’agit ni plus ni moins que d’être avec Lui. Ce principe, Jésus en maintiendra l’offre jusqu’au bout, jusqu’à la fin de sa vie, jusqu’à sa mort. Être avec lui, aujourd’hui et ainsi au paradis, il le redira au bon larron sur la Croix… Dans l’histoire de l’Eglise, il nous sera donné de voir des hommes, des femmes qui se risqueront dans l’existence avec comme seule force le fait d’être simplement et passionnément avec Lui. Et des choses étranges se réaliseront. Des cœurs seront retournés…. Par la relation avec le Seigneur Jésus, le principe ancien qui gouvernait nos vies est retourné, rendu sans force parce qu’un chemin celui de la fondation par la relation à Lui est ouvert au cœur de nos existences…
En ce temps de carême, c’est la main que nous tend encore une fois le Seigneur. Découvrir que notre vrai bonheur consiste à être d’abord et avant tout avec Lui et que tout le reste, oui tout le reste trouve alors sa juste et vraie place… Alors, allons à Lui, découvrons-Le, connaissons-Le, aimons-Le de tout notre être…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite