Prendre conscience du statut de la parole et de la responsabilité que requiert la parole fait partie du chemin d’humanisation de toute personne, laquelle, pour devenir véritablement humaine, doit apprendre à parler, faire de sa parole un art, et donc lutter pour abandonner la vulgarité de la parole, la superficialité, la banalité, la stupidité, la manipulation de la parole. Seul un usage approprié de la parole rend le monde intelligible et fait en sorte que les relations humaines soient vivables. Une éthique de la parole, une responsabilité de la parole sont donc nécessaires. Cette responsabilité se fonde sur le fait que, lorsqu’elle a été prononcée, la parole appartient à celui qui l’écoute et ne peut plus être retirée, démentie. La responsabilité de la parole se manifeste en particulier dans l’acte de promettre : il s’agit de promettre ce qu’il est possible de tenir, et, une fois promis, il faut demeurer fidèle à la promesse, cultiver cette « mémoire de la volonté » qui, pour Nietzsche constitue le contenu même de la promesse. D’ailleurs, la promesse maintenue engendre la confiance qui est la cadre vital permettant à toute vie de fleurir.
Enzo Bianchi « Vivre l’incarnation, une grammaire de l’humain » Etudes 415 Juillet Août 2011 p. 74
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