... On comprend que la tradition chrétienne ne se soit jamais autorisée à dire que l'espérance était une vertu, sauf à la qualifier de "théologale". Car l'espérance ne s'acquiert ni ne s'apprend. Elle est de l'ordre ni du pouvoir ni du savoir. L'espérance n'est pas l'affaire de volonté mais de désir. Elle ne dépend pas de nous mais de Celui qui suscite en nous le désir de l'invisible et de l'impossible, de l'inconnaissable et de l'inespérable. L'espérance est vertu théologale : elle vient de Dieu pour aller à Dieu. Elle se nourrit d'un inespéré qui l'excède, non pas comme l'avenir lointain d'une utopie, mais comme la promesse d'un événement qui a déjà eu lieu. Ce qui fait la sagesse de l'espérance chrétienne, c'est de ne pas compter sur le seul exaucement de ses attentes, sur l'accomplissement de désirs dont elle sait l'ambiguïté ou l'illusion, mais sur le surgissement d'une nouveauté qui n'est déductible de rien si ce n'est de l'imprévisible d'une grâce. ...
Robert Scholtus, 2004.
Petit Christianisme d'insolence.
Bayard, Paris, p.p. 90-91.