Ce qu’écouter veut dire : témoignage de Françoise Dolto…
[En lien avec évangile du 4 septembre sur l’écoute]
Jardinier de Dieu attire votre attention sur l’émission Françoise Dolto les enfants d’abord [http://videos.arte.tv/fr/videos/francoise_dolto_les_enfants_d_abord-4105728.html]
Françoise Dolto avait l’habitude de dire : « Ce n’est pas possible
qu’il n’y ait que moi pour profiter des leçons que nous donnent les enfants » Très peu de personnes sont en mesure d’écouter un enfant. L’absence d’écoute de l’enfant est très souvent à
l’origine de nombreux traumatismes dont souffrent les adultes.
La construction psychique de l’enfant commence dès la naissance. C’est à ce moment, quand les nœuds se font, qu’on peut les dénouer facilement. Le langage aussi, commence dès la naissance, on doit parler sans cesse au nourrisson. Tout est langage chez le bébé : les mimiques du visage, l’intensité des pleurs, des cris, tout a une signification.
Dès la naissance, il ne faut pas cesser de parler à l’enfant. Les parents ont l’impression que l’enfant ne comprend pas ce qu’on dit. C’est un sentiment erroné. L’importance de la voix de la mère n’est plus à démontrer, elle a la faculté de sécuriser l’enfant, parce que qu’il connaît bien cette voix depuis longtemps. La mère a aussi la faculté de comprendre le langage-bébé.
Dans chaque adulte, il y a un enfant qui dort. Il arrive souvent que lorsqu’un parent dialogue avec son enfant, il rentre inconsciemment dans l’état où il recherche sa propre enfance et de fait, il écoute son fils comme s’il était encore un enfant. Or un enfant a besoin d’avoir un père en face qui le sécurise.
Pour modifier le rapport à l’enfant, y compris lorsqu’il est adulte, l’information ne suffit pas. Il faut aussi un changement affectif.
Que faut-il entendre par « écouter » ?
Ecouter quelqu’un, ce n’est pas entendre ce qu’il dit, c’est entendre celui qui parle à travers ce qu’il dit. Ce qui est sûr c’est qu’entre l’adulte et le bébé quelque chose passe.
On oublie souvent que le bébé qui vient de naître connaît sa mère depuis des mois. C’est pourquoi il a un grand besoin d’elle. Tout ce qui peut rappeler au bébé le lien avec la mère, comme l’odorat ou la voix, doit être mis en action. Il faut couvrir le bébé avec un linge imprégné de l’odeur de la mère : un tricot de peau par exemple et pour la voix il faut lui raconter son histoire. En effet le nouveau-né quand il vient au monde est déjà porteur d’une longue histoire.
L’histoire suivante nous aidera à comprendre l’importance du langage. Le petit Jacob, âgé de dix huit mois, dormait très peu et s’agitait beaucoup. Ses parents le présentèrent à Françoise Dolto. L’enfant commença à secouer tous les objets disponibles, comme on secoue quelqu’un pour le réveiller. Françoise Dolto lui demande alors s’il a peur que ces objets soient morts. Les parents éclatèrent en sanglots- Jacob était en fait un jumeau- Son frère est mort-né, 15 jours avant terme. Jacob cherchait toujours son petit frère.
Françoise Dolto fait le commentaire : « Les parents doivent savoir qu’un bébé est une personne. En naissant, il est déjà situé dans le réseau des relations humaines. L’enfant est l’incarnation symbolique de trois désirs : celui de son père, celui de sa mère et le sien »
Françoise Dolto répète avec une légère différence ce que le Midrach avait dit il y’a deux mille ans : « Il y a trois associés dans une naissance : le père la mère et Hachem » Quelle est cette part divine ? L’enfant, dès sa conception est immergé dans un bain de langage à travers lequel l’héritage de sa lignée lui est mystérieusement transmis. C’est vraiment divin. On retrouve l’adage hébraïque : « Les pères ont mangé des raisins verts et les dents des fils en ont été agacées »
Dans le même ordre d’idée, Françoise Dolto écrit : « Les troubles des enfants n’ont parfois pas d’autre origine que les dettes inconscientes contractées par les adultes auprès des générations antérieures » Elle corrobore la raison pour laquelle on doit dire pour une naissance béssimann Tov qui signifie « avec un bon signe » et pour un mariage on dit mazal tov qui veut dire un « bonne conjonction » ou une « bonne chance » Quand un couple se forme, il faut vraiment l’intervention divine pour que l’enfant puisse naître sans de grands séquelles. C’est ce que traduit le mot « conjonction » ou « chance »
Les formes du langage
Un jour Dolto analysa un dessin, il s’agissait d’un arbre, et fit le commentaire suivant : « Ce qu’il y a d’intéressant, ce sont les feuilles. Cette feuille, regardez, elle est branchée à l’envers. Vous savez, les feuilles, on dit que se sont les oreilles. Cet enfant est jaloux de son petit frère sourd »
Tout d’abord, le dessin et le modelage constituent un véritable langage. Dolto voulait dire, d’une manière indirecte, que les parents de cet enfant passaient leur temps à gronder l’enfant. Celui-ci, aurait bien voulu être sourd comme son frère, pour ne plus entendre ses parents le gronder et lui faire des reproches. Le dessin remplace le langage, mais un langage codé qu’il convient de décoder.
Le langage ne commence pas avec la naissance mais bien avant. A partir de six mois le fœtus commence déjà une sorte de communication. Par l’intermédiaire de la haptonomie il est possible de rentrer en communication avec un fœtus.
La situation psychologique d’une mère, dont l’enfant est prématuré, est difficile. Sur le plan inconscient, le prématuré, a l’air de dire qu’il en a marre du ventre. C’est ce qui explique que souvent une femme, pour le punir, adopte une attitude d’éloignement à l’égard de son prématuré.
Envers un prématuré, il est conseillé le contraire de l’éloignement. Il faut rester à côté de la couveuse, lui parler sans arrêt, et essayer de communiquer avec lui. Le prématuré sait parfaitement que sa mère est à côté de lui, parce qu’il connaît bien sa voix.
Source de la photo http://www.20minutes.fr/article/270414/France-Ce-qu-il-faut-retenir-de-Francoise-Dolto.php
Photo non datée de la psychanalyste Françoise Dolto, avec ses enfant Jean-Chrysostome (Carlos) (G), Catherine (C) et Grégoire (D) AFP/Archives