Le prix qui m’honore et pour lequel j’adresse mes vifs remerciements au John W. Kluge Center, à la Library of Congress, est motivé par l’humanisme dont l’œuvre de ma vie est créditée par les généreux donateurs. C’est à l’examen de quelques-unes des bases de cet humanisme que sont consacrées les réflexions qui suivent. Mon titre est double: il désigne d’une part les capacités qu’un agent humain s’attribue, d’autre part le recours à autrui pour donner à cette certitude personnelle un statut social. L’enjeu commun aux deux pôles de cette dualité est l’identité personnelle. Je m’identifie par mes capacités, par ce que je peux faire. L’individu se désigne comme homme capable, non sans ajouter… et souffrant, pour souligner la vulnérabilité de la condition humaine. Les capacités peuvent être observées du dehors, mais elles sont fondamentalement ressenties, vécues, sur le mode de la certitude. Celle-ci n’est pas une croyance, tenue pour un degré inférieur du savoir. C’est une assurance confiante, parente du témoignage. Je parle ici d’attestation: celle-ci est en effet au soi ce qu’est le témoignage porté sur un événement, une rencontre, un accident.
Phénoménologie de l’homme capable
Il est possible d’établir une typologie des capacités de base, à la jointure de l’inné et de l’acquis. Ces pouvoirs de base constituent la première assise de
l’humanité, au sens de l’humain opposé à l’inhumain. Le changement qui est un aspect de l’identité – des idées et des choses – revêt au niveau humain un aspect dramatique, qui est celui de
l’histoire personnelle enchevêtrée dans les histoires innombrables de nos compagnons d’existence. L’identité personnelle est marquée par une temporalité qu’on peut dire constitutive. La personne
est son histoire... (lire te texte en
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Paul Ricoeur
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