Hier, nous fêtions Saint François de Sales, un évêque qui a été prodigieusement actif mais a su aussi goûter pleinement la douceur de vivre, prendre aussi le temps de la conversion (patience dans la durée envers soi-même) ainsi que celui de la conversation (patience au quotidien envers autrui). Il a été doux envers lui-même et envers les autres, alors qu’il était d’une nature très colérique. Me reviennent à cette occasion quelques moments de mon dernier week-end... qui m’incitent à me mettre sous la protection de cette grande figure... pour avancer pas à pas dans ma propre existence...
Ce week-end, j’ai accompagné un groupe de jeunes ménages pour un temps en Abbaye. Cela a été l’occasion pour moi de faire la connaissance de la sœur en charge de l’Hôtellerie. Elle m’a raconté ce qu’elle a vécu comme expérience apostolique durant plusieurs années. Souvent les monastères reçoivent des demandes de personnes qui cherchent à faire le point sur leur vie, parce qu’elles se perdent, parce que la vie est trop dure pour elles... Sœur Rose voulait bien les recevoir mais elle ne savait comment faire, elle voulait aussi pouvoir entrer en relation avec elles mais en lien avec la foi et ce d’une manière ouverte... Cela en faisait des conditions... Il fallait donc une proposition souple, susceptible de s’adapter à quiconque, plus ou moins croyant, plus ou moins au fait de la tradition chrétienne... Longtemps elle a prié, puis un beau jour l’idée est venue.
Voilà le contrat qu’elle proposa aux femmes voulant se ressourcer... Je veux bien vous recevoir mais vous venez pour passer trois nuits, je vous demanderai de recopier avec soin le passage de l’Evangile du jour et nous pourrons converser une heure dans la journée. Une proposition à la portée de toutes.
Cette proposition a rencontré un grand succès, les personnes se sentaient de tenir ce contrat, le travail manuel de l’écriture, de la calligraphie leur donnait du calme, de la confiance en elle-même. La possibilité de revenir à l’interprétation du texte lors de l’entretien aidait à la qualité de l’échange entre elles et Sœur Rose. Peu à peu, au cours des trois jours, ce travail prenait une nouvelle consistance, pour certaines, la Parole de Dieu s’incarnait, devenait une amie avec laquelle il devenait possible de cheminer, tout au long de sa vie. Souvent, lorsque les jours devenaient lourds loin du monastère la reprise de la page d’écriture quotidienne redonnait tranquillité et sérénité... Un moyen simple de s’ouvrir à la vie, d’entendre la Parole, d’être en relation avec le corps ecclésial, de se réunifier, de palper ce que l’on a fait, de s’inscrire dans une régularité... tout doucement
Au retour dans la voiture, nous avons beaucoup échangé, les trois personnes que nous étions, en questionnant Amélie qui est éducatrice dans une école Montessori, Amélie a une déjà longue pratique (plus de dix ans) avec les plus jeunes, ceux qui ont entre 3 et 6 ans. La discussion était vraiment très intéressante. Amélie faisait notamment état de la pression constante qu’elle subissait de la part des parents qui n’avaient de cesse que leurs enfants apprennent, apprennent... Cela induisait une tension forte entre les parents et l’école, avec des parents demandant sans cesse des nouvelles, des notes pour suivre la progression de leur progéniture... demandes qui allaient à l’encontre de la visée éducative de l’institution qui privilégie la découverte par lui-même de l’enfant, en lui donnant de découvrir et d’approfondir par lui-même, de pouvoir vivre à son propre rythme, doucement.
Comment vivre en ce monde si nous ne faisons pas l’expérience régulière que la vie se donne, tout simplement. Notre agitation, notre presse nous tuent littéralement, font souffrir bien souvent ceux que nous aimons le plus. Et pourtant, dans notre tête, nous savons bien que tirer sur une pousse ne ne la fait pas grandir plus vite. Alors pour recevoir cette sagesse, demandons l’aide à notre corps. Une activité modeste et quotidienne que nous pouvons réaliser de tout notre cœur mais où notre corps est impliqué nous donne un vrai repos, nous donne de retrouver goût à la vie, à mieux situer le raisonnable des exigences de notre tête.
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