« Le commandement du Seigneur clarifie le regard, la crainte qu’il inspire est pure ». Est-ce cela qu’ont chanté ceux qui ont vu Jésus chasser les marchands avec un fouet et renverser le comptoir des changeurs ? Et moi qui vois ces gestes forts et durs ? C’est pourtant là que Celui qui va vers sa Pâque nous appelle : passer d’une pâque célébrée à une autre !
Une règle de discernement dit que le bon esprit est ressenti comme un aiguillon chez qui est pris dans une spirale de mort. En nous, même dans nos routines les plus pieuses et sûres, nous pouvons être pris dans ce mouvement, sans le voir. L’autre jour, un ami éleveur de brebis en Aveyron lançait une petite pique à sa chère épouse sur son côté « catho » soucieux du caté et de la messe des enfants. C’était comme des – petits – coups de fouet pour dire : « qu’est-ce qui est plus important : la bonne conscience à bien accomplir nos bondieuseries, ou la contribution à la vie réelle de la société et de jeunes éduqués à bien la faire vivre ? » C’est comme cela que je l’ai perçu. Les gestes de Jésus ici vont autant à lui qu’à son épouse, autant aux « cathos » qu’aux « agacés par les cathos ». Ils viennent dire à chacune, chacun, à moi aussi : « le sacré, il est en toi, il n’est pas dans un commerce de bonnes actions ; prends-en soin ». Le bon esprit vient fouetter en moi le responsable comme le bondieusard pour accueillir Celui qui passe vers le Vivant et fait toutes choses nouvelles. Ni l’un ni l’autre n’a raison, mais seulement qui se met en chemin vers le Christ qui passe la mort en moi pour m’ouvrir à son Père. Ce qui détruit le sanctuaire, c’est quand je me crois dans le droit chemin alors que je n’accueille pas « le » Chemin, la Vérité, la Vie.
Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard. La crainte qu’il inspire n’est plus celle de la peur, mais de l’éveil à la Vie qui passe près de nous. Ce qui est fou et faible aux yeux de Dieu est plus sage et fort que pour les hommes !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ex 20, 1-17 ; Ps 18a, 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25