Dans la suite de dimanche dernier, nous assistons au passage de relais de Jean à Jésus. Jésus passe, Jean reconnaît en lui « l’Agneau de Dieu » pascal. L’évangéliste reprend ses mots du prologue : « il vient derrière moi et passe devant moi, car avant moi il était ». Limpide ! Le baptiste reconnaît en Jésus « le Fils de Dieu », Dieu fait homme, Verbe fait chair, Dieu qui révèle l’homme, homme et femme, tel qu’il est, créé pour louer et servir Dieu. Jean est son cousin, un proche qui reconnait qu’il ne connaissait pas Jésus. Jusqu’au bout, en prison, il aura du mal à le connaître, et jusqu’au bout il pointera le doigt vers lui, l’Agneau de Dieu, le Fils de Dieu. Comment regardons-nous nos proches ?
« Et moi, je ne le connaissais pas ! ». Il le redit. Comme s’il n’en était pas encore revenu : j’étais à côté de lui et je passais à côté de la Vie, de l’Essentiel ! Je me rappelle m’être dit pareil quand maman est décédée : « elle est partie, je ne la connais pas ». La mort révèle la vie. Jean vit une petite mort en voyant Jésus passer. Il a vu l’Esprit descendre sur lui tel une colombe et demeurer. Voir l’Esprit, c’est pas mal, ça ! Comme en accompagnements, parfois il y en a qui semblent s’enliser, l’accompagnateur lutte pour ne pas s’endormir, et l’accompagné baratine à quelqu’un dont il espérait des recettes. Et tout d’un coup ça se dénoue, les visages s’animent, l’Esprit est descendu et nul ne sait comment ! Jésus est venu baptiser dans l’Esprit. Comme après Pâques, il souffle sur ses amis. Et sur Jésus l’Esprit non seulement descend mais il demeure.
Le Fils de Dieu, c’est aussi le Serviteur. Tu es mon serviteur, Israël, dit Isaïe, qui ramènera Jacob, rassemblera les rescapés d’Israël, et plus encore, sera lumière pour les nations ! Il est ce Serviteur qui éprouve et porte toute notre condition humaine, ce qui nous sépare et divise. Heureuses séparations, heureux tiraillements, qui m’invitent à me recevoir de Celui qui m’a créé et pour qui nous sommes créés. Moi personnellement, et moi, couple, communauté, famille, peuple, toute l’humanité. Retraites, lois sur la PMA, islamophobie, homophobie et phobies de toutes sortes, on ne peut pas dire que tout soit uni parfaitement. Isaïe nous invite à vivre aux yeux du Seigneur. Tu as de la valeur aux yeux du Seigneur. Il vient te baptiser dans l’Esprit, portant avec toi ce qui sépare et divise, pour révéler l’homme intérieur. Paul le vit à sa manière avec l’Eglise de Corinthe. Suivons l’Agneau.
Olivier de Framond, compagnon jésuite