Le temps des vendanges est venu, les fruits de la vigne sont cueillis. Et même un peu plus tôt cette année… Ils nous tournent vers une autre vigne : celle du Seigneur, la vigne du bien-aimé, mon ami, chante Isaïe. Quelle est cette vigne ? La Maison d’Israël, dit le psalmiste. La Maison de Dieu, la Maison commune, faite de toutes nos maisons, terres, entreprises et lieux de toutes sortes. En fait c’est d’abord nous-mêmes, c’est moi-même, ce que je suis, ce à quoi je suis disposé, et ce que j’ai, même limité : des mains, des yeux, des oreilles, un cœur, quelques capacités encore, que sais-je. Mais c’est d’abord ce que je suis, dans la vigne du Seigneur. Au temps des fruits, Dieu envoie ses serviteurs pour recueillir le fruit qui réjouit le cœur de l’homme. La joie de Dieu, c’est des cœurs capables de se réjouir, de chanter pour leur ami, qu’il soit notre voisin, notre prochain, ou Jésus, le Christ, le bien-aimé !
Nous sommes un mélange du vigneron et du serviteur. Le vigneron est un responsable, chacun à sa manière, du fruit de la vigne. C’est les politiques, les grands, certes, Macron, Trump et les autres. C’est les financiers et les rois des profits qui peuvent se faire ici et là, certes. Mais c’est aussi, à notre niveau, nous-mêmes, moi-même, là où je peux aider une joie à mûrir, un échange à se donner, même tout petits. Qu’offrirai-je à l’ami, au bien-aimé, et à ses serviteurs ? Trouvera-t-il, lui le Fils, l’ami des petits, un cœur et des mains pour l’accueillir et lui tendre quelques fruits de sa vigne ? « Tout est don et grâce de Dieu ». Accueillerai-je en moi tout le don qu’il m’a fait, ce qu’il a semé, planté, fait grandir, ne serait-ce qu’un regard pour aimer, un sourire pour accueillir, des mains pour servir ? Sinon l’ami reprendra sa vigne pour la confier à d’autres et je resterai seul, sans rien donner ni recevoir, si ce n’est de l’agitation, de l’aigreur, de la violence, de la tristesse…
La paix de Dieu qui dépasse tout vient en rendant grâce pour tout le bien reçu et en demandant à Dieu ce que mon cœur désire : aimer ta vigne, Seigneur, en prendre soin, avec ta grâce, t’offrir ton fruit, ta joie, ton débordement de vie. En ce jour qui est aussi la fête de St François d’Assise, à la suite de notre Pape qui a choisi ce nom « François », je viens te demander, Seigneur, une chose pour notre paroisse et notre pays : vivre entre nous et avec le prochain la fraternité. L’Encyclique qui sort, « Fratelli tutti », nous invite à être tous frères. Tous, celles et ceux que j’aime et ceux que j’aime moins, tous. Le voisin, le migrant, en fait l’étranger de Pâques, Seigneur ressuscité.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
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