Nous célébrons chaque dimanche un Dieu bien mystérieux, qui devrait nous surprendre, et même nous perturber. En tout cas les disciples ne comprenaient rien à ce Messie que Jésus leur révèle. Je ne suis pas sûr de mieux comprendre. Et quand je ne comprends pas, c’est peut-être une réaction de défense : c’est trop dur à recevoir, je ne peux pas, je ne veux pas. Qui es-tu vraiment Seigneur ? Nous ne voyons pas la face cachée de Dieu. Le Messie qui guérit, délivre, relève, qui réinsère, rassasie, désaltère, ça oui. Mais le cœur de Dieu, qui anime son passage recréateur parmi nous, je ne le vois pas : le cœur d’un enfant, d’un tout-petit, d’un serviteur de tous, d’un Fils, d’un Envoyé par un Père pas comme les autres, d’un « Fils de l’Homme » livré aux mains des hommes, tué, supprimé… Ce Dieu-là, je ne le vois pas, je ne veux pas le voir, c’est trop dur. Si Jésus craint à ce point qu’on entende ce qu’il annonce aux douze, c’est que c’est essentiel et Il ne peut le dire qu’à des amis qui cheminent jour et nuit dans sa marche. Trois fois il le leur annoncera, et jamais ils ne comprendront ! Plus tard, après sa mort.
Quand m’a-t-il annoncé qu’il serait ce Dieu enfant, serviteur de tous, livré aux mains des pécheurs. Et de pécheurs qui pensent servir Dieu en plus ! Jésus a reçu de son Père et notre Père d’être son Envoyé pour être le serviteur de tous. Cela, la ténèbre, le jaloux, ne supportent pas, car ils aimeraient tant être le maître de tout ce bien que Dieu opère. Alors ils tuent le Juste. Le Juste est fils de Dieu, dit la Sagesse. Il entend la joie et la souffrance de Dieu, il se laisse envoyer pour être le serviteur de tous, vous, eux, lui, elle, moi, tous ! Il s’oppose à nos entreprises, dit-elle encore. Même peu confiant, comme ça m’est facile de penser que mes vues, mes entreprises, mes façons d’agir, sont les meilleurs ! Le Chemin de vie du Juste est chemin de conversion. Ai-je le désir et le courage de choisir ce Chemin, la porte étroite ? Comme y invite l’apôtre Jacques, j’ai à me poser et voir ce que le Seigneur appelle en moi, et en ce monde, à convertir, à tourner vers ses vues, ses volontés, sa Joie. Mais le ferai-je ? …
Père Olivier de Framond
Sg 2, 12.17-20 ; Ps 53 (54), 3-4, 5, 6.8 ; Jc 3, 16 – 4, 3 ; Mc 9, 30-37
