Le Dieu de Moïse et le père prodigue n’ont pas tout-à-fait les mêmes réactions. Le premier est plein d’une colère d’enfant mal aimé à laquelle il finit par renoncer, grâce à Moïse. Le second révèle vraiment la Miséricorde qui dépasse toutes nos logiques humaines. Ça dit au moins une chose : Dieu est ce tout-puissant qui ne peut rien sans nous, ce premier pauvre qui espère de nous une aide pour qu’il révèle son vrai visage. Il me fait souvent penser à Etty Hillesum, cette juive gagnée au Christ, déportée en camp de concentration où elle priait ainsi : « Seigneur, j’ai compris que ce n’est pas toi qui peut nous aider ; je vais t’aider à ne pas t’éteindre en nous ». C’est ce que produit le retour du cadet en son père. Sans le vouloir, il engendre son père, il découvre un père prodigue, miséricordieux, qui l’accueille et le fête comme une mère, son nouveau-né. Souvent je me dis que tu attends que je t’engendre, Père. Quand le désirerai-je et le déciderai-je, Seigneur ? Donne-moi ce moment, donne-nous cette force.
Paul est plein de gratitude envers celui qui lui donne la force, le Christ. Et ce n’est pas seulement la force en vélo, pour pédaler comme une gazelle. C’est la force pour tenir les yeux levés, le nez hors du guidon. C’est la force pour tenir dans l’épreuve. Et celle-ci, il la tire de la Miséricorde du Christ qui a fait basculer toute sa vie. Avant c’était un pratiquant zélé ; après il est devenu croyant, homme de foi conduit par la Miséricorde du Christ, accueillie en lui. Il a fini par l’aider, ce Seigneur, à se révéler et s’offrir tel qu’il est, Dieu, pauvre, mendiant, tout aimant.
Il y a de la joie dans le ciel pour un pécheur qui se convertit. Nos logiques humaines ne sont pas sans valeurs. Elles ne donnent pas la joie. Le fils aîné, qui est une partie de nous-mêmes, voit le pécheur impardonnable, à qui ne sera jamais dû un accueil favorable qu’il ne mérite pas. Le ciel, lui, voit la brebis perdue et retrouvée, morte et revenue à la vie. C’est toute sa joie. Elle vient étonnamment avec l’épreuve. Une personne me disait sa grande douleur au décès d’un ami ; et en même temps sa joie ; il avait accueilli dans leur appartement une quinzaine de personnes, enfants et proches du défunt, pas vus depuis longtemps. Et combien ça avait été un cadeau de partager avec eux plein d’événements heureux liés à ce défunt. Entre eux ils avaient aidé le Seigneur à se révéler : miséricorde, offrande pauvre dans les cœurs. Il était mort, et il est revenu à la vie. La joie, c’est cette bonne nouvelle du Christ. T’aider, Seigneur, à ne pas t’éteindre en nous …
Père Olivier de Framond
Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32