Mais aujourd’hui, indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté en quoi consiste sa justice : la Loi et les prophètes en sont témoins. Et cette justice de Dieu, donnée par la foi en Jésus Christ, elle est offerte à tous ceux qui croient. En effet, il n’y a pas de différence : tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu, et lui, gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. Car le projet de Dieu était que le Christ soit instrument de pardon, en son sang, par le moyen de la foi. C’est ainsi que Dieu voulait manifester sa justice, lui qui, dans sa longanimité, avait fermé les yeux sur les péchés commis autrefois. Il voulait manifester, au temps présent, en quoi consiste sa justice, montrer qu’il est juste et rend juste celui qui a foi en Jésus. Alors, y a-t-il de quoi s'enorgueillir ? Absolument pas. Par quelle loi ? Par celle des œuvres que l’on pratique ? Pas du tout. Mais par la loi de la foi. En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment de la pratique de la loi de Moïse. Ou bien, Dieu serait-il seulement le Dieu des Juifs ? N’est-il pas aussi le Dieu des nations ? Bien sûr, il est aussi le Dieu des nations, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu : il rendra justes en vertu de la foi ceux qui ont reçu la circoncision, et aussi, au moyen de la foi, ceux qui ne l’ont pas reçue. Sommes-nous en train d’abolir la Loi au moyen de la foi ? Pas du tout ! Au contraire, nous confirmons la Loi.
Paul était-il compris par le tout-venant ? C’est possible, mais son langage est à retraduire pour les oreilles qui sont les nôtres aujourd’hui. Notamment ici, quand il pointe la justice de Dieu, de quoi s’agit-il ? Car cela ne semble pas celle d’un juge de nos tribunaux. Pour la connaître de l’intérieur, cela nous demande de « devenir justes », nous-mêmes. Nous voici éclairés ! Avec l’aide de paraboles qui viendront plus tard, comme celle des ouvriers de la onzième heure, je comprends ceci. Devenir justes est un cheminement qui parvient à me faire entrer dans la disposition à la manière de Dieu de se donner. Et Dieu ne se donne pas à notre manière humaine. Paul l’a reconnu après sa conversion sur le chemin de Damas : la manière de Dieu, c’est « la grâce ». Ce n’est pas le mérite. Mais éprouver la grâce de Dieu demande en nous d’opérer un passage radical. C’est celui de « la foi », la foi en Jésus, reçu comme Christ et Fils de Dieu. En Jésus je reconnais la justice de Dieu, Dieu à l’œuvre, qui donne sans compter, en surabondance, inconditionnellement. Il veut donner aux païens autant qu’aux Juifs, aux « non-pratiquants » (pratiquants de la Loi de Moïse) autant qu’aux circoncis.
Voilà la grâce que Paul a éprouvée dans sa chair. Elle l’a saisie, de tout son être. C’est elle qui l’entraînera aux nations pour la faire connaître. C’est notre seul bien, finalement. Ce serait dommage de l’enfermer sous clé nous aussi dans des pratiques, rites, et bonnes morales qui empêchent les uns et les autres d’y accéder, de la goûter. Seigneur, qui connaîtra et goûtera ta justice ? Donne-moi la grâce de ne pas l’arrêter. Les périphéries l’espèrent, nous disait le pape François.
Olivier de Framond compagnon jésuite
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