Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 10, 25-37 La Situation, le vrai lieu de notre vie

Publié par Jean-Luc Fabre compagnon jésuite sur 6 Octobre 2025, 04:04am

En ce temps-là,  voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? »  L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »  Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »  Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.  De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.  Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”  Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »  Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Situation maîtrisée mais enfermée ou reçue pauvrement mais ouverte au devenir (merci aux auteurs des photos)Situation maîtrisée mais enfermée ou reçue pauvrement mais ouverte au devenir (merci aux auteurs des photos)

Situation maîtrisée mais enfermée ou reçue pauvrement mais ouverte au devenir (merci aux auteurs des photos)

Ce docteur de la Loi veut progresser et il s’éprouve dans une impasse. Il ne sait quel chemin prendre en son existence pour accéder à la vie éternelle. Il ne sait que faire de sa vie présente et des situations de celle-ci. C’est son problème existentiel profond. Il plane et vit une vie sans aucun goût. Alors il questionne celui qui parle librement : Jésus. Et Jésus va l’ouvrir à l’intelligence de la situation.

D’abord Jésus lui donne de considérer son rapport à la Loi. « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? ». L’homme répond bien mais théoriquement. Il n’arrive pas à voir comment appliquer les préceptes auxquels il adhère par ailleurs. Dès lors il va être amené à se poser la question qui va toujours de pair normalement avec la Loi principielle : comment appliquer cette Loi en situation et, plus prosaïquement, le rapport à avoir avec le prochain. D’où sa nouvelle question à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »

Dès lors, Jésus peut l’aider à percevoir que la situation, elle ne se crée pas à partir des principes : ils donneraient, par eux-mêmes, la matière où ils peuvent s’appliquer. Non la situation arrive par elle-même et il s’agit en fait de se comporter en fonction d’elle et de l’esprit de la Loi. Ce qui permet notre ouverture à la situation, c’est la partie profonde de notre être qui s’exprime par la pitié. Ce cœur nous met à nu dans la situation. La Vie véritable qui anime principe et situation peut alors se manifester pour ce qu’elle est et rendre notre action véritablement humanisante pour tous.

A nous de saisir aussi que nous ne pouvons pas prévoir, porter sur nos épaules notre monde, même si notre culture essaie de le faire avec ses normes insensées. A chacun de nous d’accepter d’être un pauvre dénudé qui sera mis dans le mouvement de la Vie par l’appel de la situation. Cette épreuve l’humanité entière la vit en toutes ses dimensions : les personnes, les groupes, les nations. L’action bonne naîtra de la situation. Auparavant, nous ne pouvons que juste nous disposer, approfondir notre relation avec le Mystère du Père pour nous laisser surgir par la situation. Dans cette attitude se tient le ressort de ce qui permet notre fidélité créatrice, de ce qui nous rend frères des autres hommes, fils de Dieu. C’est en cela que consiste la sainteté.

Jean-Luc Fabre compagnon jésuite

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