Quand on récrimine contre l’autre, en fait on récrimine contre soi. De cela Dieu nous délivre. Sa Parole peut provoquer en nous de la résistance, l’évangile de Jean particulièrement. Peut-être car Jean vit le temps rude d’une Eglise du Christ qui doit émerger dans des courants dominants contraires. Nos résistances n’inquiètent pas Dieu. Jésus ne nous en veut pas qu’on peine avec sa parole. Il ne désire que nous élever, nous tirer de l’avant. Vous voyez en moi le fils de Joseph, pas un « pain descendu du ciel » ? OK. Mais quand il s’adresse à nous, c’est à l’enfant de Dieu à venir qu’il s’adresse, à celui, celle que nous sommes appelés à être, à qui entend le Père qui l’attire à lui. Il s’adresse à quelqu’un qui ne peut que croire. Croire en lui, croire au Père, croire en la vie.
Le fossé éprouvé entre le fils de Joseph perçu et le Fils de Dieu, le Fils de l’Homme, qui s’adresse à eux, il l’élargit pour que chacun, chacune, un jour, naisse à sa vocation. Quand Jésus dit « et moi je le ressusciterai au dernier jour, celui que mon Père attire à moi », est-il plus clair ? Il avive les résistances. Mais quel est ce langage ? Il ne cherche pas à se faire comprendre. Plus tard, tu comprendras. Il nous éveille à choisir notre naissance, la joie, notre vocation, là, tout proche, au-delà de nos résistances.
Jésus ressuscité, en s’adressant à « Simon, fils de Jean » et non à Pierre, éveille l’ami à réentendre et choisir l’appel qu’il avait reçu hier. C’est le fruit du pardon, un pardon qui prend toute son histoire, de joies et de blessure. Alors il peut consentir à « manger la chair » du Fils de l’Homme. Il consent à lui-même, il renaît à sa vocation. Simon sera Pierre car il a mangé la chair, le pain vivant, l’agneau de Dieu livré au milieu des loups. Alors une vie nouvelle peut venir. Seigneur Jésus, tu nous connais ; comment as-tu choisi pour moi, pour nous, d’être chair, corps, esprit, âme, à manger ? Je résiste comme la foule, je crie comme le psalmiste, je fuis l’hostilité comme Elie… Tu veux seulement nous voir naître à la générosité, à la tendresse, à la joie d’enfants du Père. Amen
Olivier de Framond, compagnon jésuite
1 R 19, 4-8 ; Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9 ; Ep 4, 30 – 5, 2 ; Jn 6, 41-51