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Question d’enfant – « Tu vas encore regarder Jésus mort ? »

Publié par Luc AERENS du site Cathobel sur 14 Septembre 2020, 11:53am

Catégories : #Pensée du jour

Crucifix du Centre Assomption - Lourdes

C’est dimanche matin. Dans cette famille, il arrive bien souvent que les parents regardent la messe télévisée. Pendant le temps du confinement, c’était d’ailleurs la seule possibilité pour vivre l’Eucharistie dominicale. L’enfant âgé de 6 ans rejoint les adultes. Et brusquement surgit cette question totalement inattendue dans la bouche du gamin, à l’adresse du papa: « Tu vas encore regarder Jésus mort? » Après un moment de surprise, le papa pose à son tour la question: « Pourquoi dis-tu: Jésus mort? » Le doigt de l’enfant résout l’énigme. Sur l’écran, il montre le grand crucifix qui se trouve juste derrière le prêtre qui préside cette messe télévisée.

La force de l’image
« La vérité sort de la bouche des enfants! » dit l’adage. Tous ceux et celles qui s’occupent des enfants savent que ce n’est pas toujours exact. Mais dans ce cas il se vérifie totalement. Sur la croix qui apparaît à l’écran, Jésus est en effet représenté mort, le visage affaissé sur la poitrine, les yeux clos. Et à bien y regarder, la grande majorité des crucifix, petits ou grands, montrent en effet le Seigneur Jésus crucifié dans la même position. La plupart des dessins catéchétiques sont pareils. Alors que les mots, tout au cours des célébrations chrétiennes, comme pendant les catéchèses (en famille ou en communauté) ou les cours de religion, affirment que Jésus est vivant, ressuscité, il apparaît clairement que l’image possède une force d’évocation et de persuasion bien plus prégnante pour les enfants. Probablement pas que pour eux d’ailleurs, nous disent les spécialistes en communication. Les mots et les discours religieux d’ailleurs sont assez souvent hors de portée des enfants, partiellement ou totalement. Les images, surtout si elles sont récurrentes, sont bien plus opérantes.

L’annonce kérygmatique
Les parents s’efforcent de corriger la vision de l’enfant. Ils essayent de lui expliquer que Jésus est maintenant ressuscité, vivant. « D’ailleurs, disent-ils, Jésus parle par la bouche des femmes et des hommes qui proclament sa Parole vivante par les lectures bibliques et l’homélie. Et le prêtre prête ses mains et sa voix pour que l’on voit et l’on entende aujourd’hui Jésus, le Seigneur ressuscité, qui se partage totalement corps et sang, parce qu’il nous aime et veut venir en nous si nous voulons bien l’accueillir au cours de chaque messe », ajoutent-ils. En affirmant cela, ces parents sont-ils conscients qu’ils rejoignent toutes celles et tous ceux, en commençant par Marie-Madeleine, le matin de Pâques (Jn 20,18) et Simon-Pierre, le jour de la Pentecôte (Ac 2,24), qui annoncent un des points majeurs du cœur de la foi: Christ est vivant! Les théologiens nomment une proclamation du cœur de la foi chrétienne, « une annonce kérygmatique ».

Croix glorieuse
Il semble essentiel, vu la force prépondérante des images, que cette annonce de la résurrection soit accompagnée, renforcée, validée, par la mise à disposition pour les enfants, comme pour toutes les communautés chrétiennes, de croix glorieuses. Il s’agit de croix où les artistes représentent Jésus vivant, non ensanglanté, les bras et les yeux ouverts, les mains non plus clouées, mais tournées vers l’assemblée et/ou le regard orienté vers l’infini. Ces croix glorieuses peuvent apparaître dans nos églises et chapelles, comme dans les documents catéchétiques et de l’enseignement religieux, mais aussi et surtout sur les murs de nos maisons. Il y en a beaucoup et de très belles. Et, bien entendu, cela n’empêche nullement qu’à l’occasion des images (non exagérément violentes) attestent du don du Christ, par amour, jusqu’à la mort. Comme l’écrivait en effet le cardinal Danneels: « Il n’y a pas de Pâques sans Vendredi saint. »

Luc AERENS

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