Puisque vos paroles, ô mon Dieu,
Ne sont pas faites pour rester inertes dans nos livres ;
Mais pour nous posséder et courir le monde en nous ;
Permettez que ce feu de joie, allumé par vous, jadis, sur une montagne,
Que de cette leçon de bonheur, des étincelles nous mordent, nous investissent, nous envahissent ;
Faites que, habités par elles, comme des « flammèches dans les chaumes »,
Nous courions les rues de la ville, nous longions les vagues des foules,
Contagieux de la béatitude, contagieux de la joie.
Car nous en avons vraiment assez de tous ces crieurs de mauvaises nouvelles,
De tristes nouvelles !
Ils font tellement de bruit que votre parole à vous ne retentit plus.
Faîtes dans leur tintamarre éclater le silence palpitant de votre message.
Dans les cohues sans visage, faîtes passer notre joie recueillie,
Plus retentissante que les cris des crieurs de journaux,
Plus envahissante que la tristesse étale de la masse.
AMEN
Madeleine Delbrel