[…] A la lumière de l’Evangile (Jn 19, 25-27) que nous avons écouté, nous pouvons regarder Marie comme un modèle de foi. Et nous reconnaissons trois caractéristiques de la foi : la route, la prophétie, et la compassion.
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Avant tout, la foi de Marie est une foi qui se met en route […]
L’Evangile d’aujourd’hui nous fait aussi voir Marie en route : vers Jérusalem où, avec son époux Joseph, elle présente Jésus dans le Temple. Et toute sa vie sera une marche à la suite de son Fils, comme première disciple, jusqu’au Calvaire, au pied de la Croix. Marie marche toujours.[…]
La foi de Marie est une foi prophétique. Par sa vie, la jeune fille de Nazareth est une prophétie de l’œuvre de Dieu dans l’histoire, de son action miséricordieuse qui renverse les logiques du monde en élevant les humbles et en abaissant les superbes (cf. Lc 1, 52). Elle, représentante de tous les “pauvres de Jahweh” qui crient vers Dieu et attendent la venue du Messie, Marie est la Fille de Sion annoncée par les prophètes d’Israël (cf. So 3, 14-18). La Vierge concevra le Dieu avec nous, l’Emmanuel (cf. Is 7, 14). En tant que Vierge Immaculée, Marie est l’icône de notre vocation : comme elle, nous sommes appelés à être saints et immaculés dans l’amour (cf. Ep 1, 4), en devenant image du Christ. […]
N’oublions pas ceci : on ne peut pas réduire la foi au sucre qui adoucit la vie. On ne le peut pas. Jésus est un signe de contradiction. Il est venu apporter la lumière là où il y a les ténèbres, en faisant sortir les ténèbres à découvert et les contraignant à se rendre. C’est pourquoi les ténèbres luttent toujours contre lui. Celui qui accueille le Christ et s’ouvre à lui ressuscite ; celui qui le refuse s’enferme dans l’obscurité et se détruit lui-même. Jésus a dit à ses disciples qu’il n’était pas venu apporter la paix, mais un glaive (cf. Mt 10,34) […]
Marie est la Mère de la compassion. Sa foi est compatissante. Celle qui s’est définie “la servante du Seigneur” (cf. Lc 1, 38) et qui, avec une sollicitude maternelle, s’est préoccupée de ne pas faire manquer de vin aux noces de Cana (cf. Jn 2, 1-12), a partagé avec son Fils la mission du salut jusqu’au pied de la Croix. A ce moment-là, dans la douleur déchirante vécue au Calvaire, elle a compris la prophétie de Siméon : « Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive » (Lc 2, 35). La souffrance du Fils mourant qui prenait sur lui les péchés et les souffrances de l’humanité l’a transpercée elle aussi. Jésus déchiré dans sa chair, Homme des douleurs défiguré par le mal (cf. Is 53, 3) ; Marie, déchirée dans son âme, Mère compatissante qui recueille nos larmes et nous console en même temps, en nous montrant dans le Christ la victoire définitive.
Et la Vierge des Douleurs, sous la croix, reste simplement. Elle est sous la croix. Elle ne s’enfuit pas, ne tente pas de se sauver elle-même, elle n’utilise pas d’artifices humains ni d’anesthésiants spirituels pour échapper à la souffrance. C’est l’épreuve de la compassion : rester sous la croix. Rester le visage baigné de larmes, mais avec la foi de celle qui sait qu’en son Fils, Dieu transforme la douleur et triomphe de la mort.
Et nous aussi, en regardant la Vierge, Mère des Douleurs, nous nous ouvrons à une foi qui se fait compassion, qui devient partage de la vie avec ceux qui sont blessés, avec ceux qui souffrent et ceux qui sont obligés de porter de lourdes croix sur leurs épaules. Une foi qui ne demeure pas abstraite, mais qui nous fait entrer dans la chair et nous rend solidaire avec ceux qui sont dans le besoin. Cette foi, avec le style de Dieu, humblement et sans clameurs, allège la douleur du monde et irrigue de salut les sillons de l’histoire.[…]
https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2021/documents/20210915-omelia-sastin.html