Saisis mes mains
Jour après jour, je venais à ta porte, les mains suppliantes, demandant encore et toujours.
Tu me donnas et donnas sans fin, tantôt avec mesure, tantôt en soudaine abondance.
Je pris quelques-uns de tes dons et en laissai tomber d’autres ; les premiers étaient lourds à mes mains ; je fis, avec les autres, des joues que je brisai quand j’en fus las ; jusqu’à ce qu’enfin les débris et les trésors amassés de tes dons eussent formé une telle montagne, qu’ils te cachèrent à ma vue ; et l’attente incessante consuma mon cœur.
Prends, oh, reprends - est maintenant le cri de mon cœur.
Brise cette écuelle de mendiant : éteins cette lampe de veilleur importun ; saisis mes mains, élève-moi au-dessus de cet amas toujours grandissant de tes bienfaits, jusqu’à l’immensité déserte où je trouverai ta présence solitaire.
Rabindranath Tagore, 1963.
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