Pour être un bon danseur,
avec vous comme ailleurs,
il ne faut pas savoir où cela mène.
Il faut suivre,
Être allègre,
Être léger,
Et surtout ne pas être raide.
Il ne faut pas vous demander d'explications
Sur les pas qu'il vous plaît de faire.
Il faut être comme un prolongement,
Agile et vivant de vous,
Et recevoir par vous la transmission du rythme de l'orchestre.
Il ne faut pas vouloir à tout prix avancer,
Mais accepter de tourner, d'aller de côté.
Il faut savoir s'arrêter et glisser au lieu de marcher.
Et cela ne serait que des pas imbéciles
Si la musique n'en faisait une harmonie.
Mais nous oublions la musique de votre esprit,
Et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique.
Nous oublions que, dans vos bras, elle se danse,
Que votre Sainte Volonté
Est d'une inconcevable fantaisie.
Si nous étions contents de vous, Seigneur,
Nous ne pourrions pas résister
A ce besoin de danser qui déferle sur le monde,
Et nous arriverions à deviner
Quelle danse il vous plaît de nous faire danser
En épousant les pas de votre Providence.
Extrait de Nous autres, gens des rues, Madeleine DELBREL, 1966, 1995 pour la réédition dans la collection
Livre de vie, Le Seuil, Paris, p.81de Madeleine Delbrêl (le bal de l'obéissance)
Merci Gilles pour l'image