« Jésus fut saisi de pitié envers eux » : une approche philosophique actuelle…
La pitié n’a plus forcément bonne presse. Elle demeure toutefois un sentiment qui nous fait entrer dans l’approche éthique comme le soutient Emmanuel Housset. Le P. Jean-Marie Forrett commente ainsi l’ouvrage d’Emmanuel Housset « L'intelligence de la pitié. Phénoménologie de la communauté » (1) : La pitié est dévoilée comme le « mode d'existence propre à la personne », l'existant humain singulier qui a vocation à s'universaliser, qui se trouve en se perdant auprès d'autrui et de sa détresse, qui s'atteste comme existence intensive et unique parce que investie d'une responsabilité non substituable. La pitié est ainsi ce moment premier où s'éveille, avec la conscience morale, la conscience de soi, un soi qui n'est pas un moi mais qui est doué d'une « identité d'exode », un soi qui dans l'amour de l'autre et dans la compassion assure le seul fondement possible de la socialité humaine. « Seule l'intelligence de la pitié est pour la communauté humaine personnalisante et dénaturalisante puisque, en elle, on est soi-même dans le oui à autrui et non dans le oui à soi » (p. 178).
Aussi, ces quelques citations pour aiguiser votre propre réflexion…
- Avoir pitié de son ennemi, c'est être sans pitié pour soi-même. Francis Bacon De la dignité
- La pitié sans orgueil n'appartient qu'à la femme Ivan Tourgueniev Etranges histoires
- La pitié, plus que toute autre sentiment, est une émotion cultivée ; c'est un enfant qui en aura le moins. Thomas Wolfe La toile et le roc
(1) Préface par Jean-Luc Marion, Paris, Éd. du Cerf, coll. « La nuit surveillée », 2003. - (13,5x21,5), 192 p., dans le n°99 d’Esprit et Vie - février 2004 - 2e
quinzaine, p. 26-28
Source de la photo http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/46/Chapelle_de_ND_de_La_Piti%C3%A9_Coat-Natous.jpg