Vouloir un monde sans faille, sans blessure, sans souffrance, empêche l'entrée, l'accès à la vraie rencontre avec l'autre, avec Dieu. "Une vie sans souffrance, sans cette vivante référence à la mort, serait une vie de rêve, irréelle, sans poids"(Denis Vasse dans "Le poids du réel, la souffrance"). Le risque est de s'enfermer dans un monde clos, bien réglé, lisse, qui sécurise à première vue, mais qui isole et insatisfait profondément celui qui s'y réduit. C'est sans doute une manière de se protéger contre l'inconnu. Mais n'est-ce pas se tromper lourdement, se méprendre sur le lieu véritable de la vie ? Renoncer à un monde sans faille, à un monde de toute-puissance, c'est entrer peu à peu dans l'expérience de la vie reçue d'un autre, de l'Autre, de la vulnérabilité qui est le lieu même de la création, de la fécondité, de l'amour. C'est aussi la reconnaissance de sa véritable place de créature qui expérimente le don et l'abandon entre les mains du Dieu très aimant.
Marie-Luce Brun « Accueillir l'acte créateur de Dieu »
in Bulletin de l’Association de la Bienfaisance
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